
Manifestation à Téhéran contre la situation économique et la monnaie iranienne en difficulté à Téhéran, le 29 décembre 2025. © AFP
Les rues de Téhéran étaient calmes, mercredi 31 décembre, loin de la circulation chaotique habituelle, au lendemain de la décision des autorités de fermer écoles, banques et établissements publics, en raison du froid et pour économiser l'énergie.
Dans la capitale, les prestigieuses universités Beheshti et Allameh Tabataba'i ont annoncé que leurs cours se tiendraient en ligne toute la semaine prochaine pour ce même motif, selon l'agence de presse Irna. Les autorités n'ont fait officiellement aucun lien avec les manifestations.
Pourtant, Téhéran enregistre actuellement des températures négatives la nuit, qui ne sont pas exceptionnelles en cette période de l'année.
Après trois jours de manifestations, le pouvoir judiciaire a annoncé mercredi qu'il fera preuve de "fermeté" si les protestation contre la vie chère en Iran sont instrumentalisées à des fins de "déstabilisation", a mis en garde le procureur général de la République islamique.
"Du point de vue judiciaire, les manifestations pacifiques pour la défense des moyens de subsistance (...) sont compréhensibles", a déclaré Mohammad Movahedi-Azad, cité par la télévision d'État, après trois jours de protestations de commerçants à Téhéran auxquelles des étudiants se sont joints.
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Tentative de récupération du Mossad
"Toute tentative visant à transformer les manifestations économiques en un outil d'insécurité, de destruction des biens publics ou de mise en œuvre de scénarios conçus à l'étranger sera inévitablement suivie d'une réponse légale, proportionnée et ferme", a-t-il ajouté.
De son côté, le Mossad israélien tente de profiter de la grogne des Iraniens pour déstabiliser son ennemi iranien. Le service secret a invité mercredi les protestataires en Iran à intensifier leur mobilisation sociale, affirmant être présent avec eux "sur le terrain".
"Sortez ensemble dans les rues. L'heure est venue. Nous sommes avec vous", ont déclaré les services secrets extérieurs d'Israël sur leur compte X, s'adressant en langue farsi aux manifestants iraniens. "Pas seulement de loin ou par les mots. Nous sommes aussi avec vous sur le terrain", ajoutait le message repris en hébreu par la radio de l'armée mercredi.
La grogne sociale a gagné les université mardi
Le mouvement de protestation contre la vie chère et la dégradation de la situation économique a débuté spontanément dimanche, bien avant et indépendamment de cet appel du Mossad.
Il repose sur un mécontentement grandissant depuis plusieurs années. Les manifestations contre la vie chère se sont étendues mardi dans au moins dix universités du pays, avec des slogans plus politiques.
"Ces manifestations ont eu lieu à l'Université de Téhéran, Beheshti, Khajeh Nasir, Sharif, Amir Kabir, Sciences et Culture, l'Université des Sciences et Technologies", établissements parmi les plus prestigieux d'Iran, ainsi qu'à l'Université des Technologies d'Ispahan, a précisé Ilna mardi.
Des slogans très durs contre le pouvoir étaient entendus dans les rues de plusieurs quartiers commerçants de Téhéran, a indiqué mardi le correspondant de France 24 Siavosh Ghazi.
Le mouvement s'est également répandu dans plusieurs villes de provinces "comme Karaj, Hamedan ou encore Malard, situées dans la province de Téhéran", a-t-il précisé.
Mardi, le président iranien Massoud Pezeshkian s'est dit à l'écoute des "revendications légitimes" des manifestants.
"Le président iranien a en réalité très peu de pouvoir", analyse Mariam Pirzadeh, rédactrice en chef à France 24 et ancienne correspondante à Téhéran. "Le pouvoir est aux mains des Gardiens de la révolution qui dirigent la milice des bassiji (...) et le guide suprême". "Or s'ils se sentent que la République islamique est menacée, la répression sera une réalité pour ces manifestants".
Ce mouvement de grogne est le plus important depuis le mouvement de protestation qui avait suivi la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour mauvais respect du voile et morte en détention. Toutefois, il est à ce stade sans commune mesure avec les grandes manifestations "Femme vie liberté".
Avec AFP
