
L'UMP et le Front national s'affronteront au second tour de la législative partielle à Villeneuve-sur-Lot, ancien fief de Jérôme Cahuzac. Éliminé dès le premier tour, le PS appelle à barrer la route au candidat frontiste.
Coiffé au poteau par l'UMP et le FN, le Parti socialiste n’ira pas au second tour. Le parti de François Hollande a en effet essuyé un nouvel échec dimanche 16 juin dans l'ancien fief de Jérôme Cahuzac lors du premier tour de la législative partielle. Le maire UMP de Fumel, Jean-Louis Costes, est arrivé en tête avec 28,71% des voix, suivi du candidat du Front national, Etienne Bousquet-Cassagne (26,04%). Bernard Barral (PS) n’a quant à lui obtenu que 23,69% des voix et n'a pas réussi à atteindre le seuil de 12,5 % des inscrits pour rester en course.
Le taux d'abstention a été très élevé, s'établissant à 54,12% des inscrits, contre 37,31% en 2012, lorsque Jérôme Cahuzac avait été élu haut la main, avec plus de 61% des suffrages.
Ce nouvel échec du PS fragilise le principal groupe de la majorité, qui ne dispose après ce scrutin que de 292 députés à l'Assemblée nationale, soit trois sièges à peine de plus que la majorité absolue.
L'appel à un "front républicain"
Le PS a immédiatement réagi en appelant à "faire barrage" au candidat FN au second tour. "Pour le second tour, le 23 juin, le PS appelle les électeurs à faire barrage au candidat du Front national", écrit Harlem Désir dans un communiqué cosigné avec Christophe Borgel, secrétaire national aux élections.
it
Bernard Barral lui a emboité le pas en appelant lui aussi à un "front républicain", qui soutiendrait le maire de Fumel, 49 ans, contre le jeune Etienne Bousquet-Cassagne, 23 ans. "Je demande à toutes les électrices et électeurs à faire front et barrage au FN", a lancé devant les caméras Bernard Barral, non sans amertume.
Le candidat malheureux a aussi dénoncé "la division de la gauche", alors qu'il a manifestement souffert de l'éparpillement des voix à gauche, le candidat des Verts Lionel Feuillas et la candidate du FG, Marie-Hélène Loiseau, obtenant respectivement 2,78% et 5,08% des suffrages. "Ce soir, j'ai mal à mon cœur et surtout à la France", a-t-il conclu.
Le président François Hollande, invité dimanche soir lors de l'émission "Capital" sur M6, a lui aussi réagi à la défaite de son parti. "Lorsqu'il y a des scandales, en l'occurrence c'en était un, il y a toujours la tentation de l'extrême droite, quel que soit d'ailleurs le comportement de cette extrême droite, a déclaré le chef de l'État. C'est quand il n'y a plus d'espérance qu'il y a des votes extrêmes".
"C'est dramatique pour ce territoire. Jamais le Front national n'a fait un score aussi élevé dans ce territoire, dans cette circonscription dans cette Aquitaine qui est un territoire de migration, d'immigration depuis plusieurs siècles, d'avoir aujourd'hui un Front national c'est dramatique", a pour sa part réagi Jean-Louis Costes, sans même savourer son score.
"La tromperie a laissé des traces"
De son côté, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a jugé lundi que l'élimination du PS s'expliquait par "la tromperie" de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac. "Je craignais cette situation. Comme beaucoup j'ai vécu douloureusement la découverte du mensonge de Jérôme Cahuzac et je craignais que cela fasse des dégâts en profondeur. Eh bien dans son fief, la tromperie a laissé des traces et c'est ce que nous subissons aujourd'hui", a-t-il déclaré à la presse en marge de l'inauguration du salon aéronautique du Bourget.
Ces résultats sont "un nouveau désaveu cinglant pour François Hollande et sa politique", a réagi pour sa part Jean-François Copé, président de l'UMP, sans mentionner le FN et en appelant les électeurs à se mobiliser derrière Jean-Louis Costes. "C'est la sanction d'une majorité sans cap ni autorité, élue sur des promesses intenables et aujourd'hui incapable d'endiguer une crise économique qu'elle a niée", a écrit pour sa part l'ancien Premier ministre François Fillon.
Le candidat du FN n’a pas manqué, lui non plus, de réagir. Après l'annonce de résultats, Étienne Bousquet-Cassagne, arrivé à l'Hôtel de Ville sous les huées d'une vingtaine d'habitants, n’a pas caché sa joie. "J'espère qu'enfin les Français enverront un nouveau député FN à l'Assemblée nationale", a-t-il déclaré faisant fi des mécontents."J'en appelle aux électeurs, c'est à eux de choisir, ils n'ont pas à se faire dicter leurs choix par ces élus 'ripoublicains'", a-t-il précisé.
Avec dépêches