
Le président de l’Université de Naplouse, Rami Hamdallah, a été nommé dimanche au poste de Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Il succède à Salam Fayyad, un économiste très apprécié de la communauté internationale.
C’est un universitaire peu connu qui sera finalement chargé de remplacer l’ancien Premier ministre palestinien, l'économiste Salam Fayyad. Le président palestinien Mahmoud Abbas a attendu le dernier jour du dernier délai légal de cinq semaines après la démission de l’économiste, très populaire auprès des bailleurs de fonds internationaux de l’Autorité palestinienne, pour nommer le président de l’Université de Naplouse, Rami Hamdallah, au poste de Premier ministre.
"Le président Abbas m'a chargé de former un nouveau gouvernement et j'ai accepté", a déclaré à l'AFP M. Hamdallah, 54 ans, président depuis 1998 de l'Université Al-Najah à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, après avoir été reçu dimanche en début de soirée par M. Abbas au siège de la présidence de l'Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie.
"Le gouvernement sera formé dans les prochains jours. La plupart des ministres du gouvernement sortant resteront et je ferai venir un nouveau ministre des Finances", a ajouté M. Hamdallah, également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.
En poste depuis juin 2007, l'ex-Premier ministre Salam Fayyad avait démissionné le 13 avril dernier suite à un désaccord avec Mahmoud Abbas sur la démission en mars du minsitre des Finances Nabil Qassis. Mais le conflit entre les deux hommes remontait à septembre, quand la politique budgétaire du Premier ministre avait déclenché des manifestations réclamant son départ. Selon des sources politiques, des dirigeants du Fatah, le mouvement de M. Abbas, avaient alors soutenu la contestation contre l'ancien Premier ministre.
Une nomination saluée par les États-Unis
Les États-Unis, par l'intermédiaire du secrétaire d'État John Kerry, ont salué dimanche soir la désignation de l'universitaire aux fonctions de Premier ministre de l'Autorité palestinienne. "Ensemble, nous pouvons choisir la voie d'un accord négocié pour deux États qui permettra aux Palestiniens de combler leurs légitimes aspirations pour un État palestinien souverain et indépendant", indique le communiqué.
Rami Hamdallah, membre du Fatah et du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster.
L'agence officielle Wafa a confirmé que le président Abbas avait chargé Rami Hamdallah de constituer le nouveau gouvernement et réaffirmé "son engagement aux accords de réconciliation signés au Caire et à Doha, et à l'application du calendrier convenu au Caire".
Le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, avaient salué la démission de M. Fayyad comme une occasion d'appliquer leurs accords de réconciliation du Caire (avril/mai 2011) et de Doha (février 2012), mais ces espoirs ont fait long feu.
Pas de réconciliation en vue avec le Hamas
Un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a dénoncé "une reproduction des expériences précédentes".
Cette désignation "ne résoudra pas les problèmes et ne réalisera pas l'unité parce qu'elle ne résulte pas de la réconciliation ni de l'application de l'accord du Caire", a-t-il déclaré à l'AFP, jugeant qu'elle n'était "ni légale ni légitime".
Le départ de M. Fayyad est tombé au pire moment pour la diplomatie américaine, qui, faute de progrès politiques lors des visites du secrétaire d'État John Kerry, s'est rabattue sur la promotion du développement économique en Cisjordanie occupée.
En avril, M. Kerry avait déploré la démission de M. Fayyad mais s'était dit "persuadé que (le président) Abbas saurait trouver la personne qui fera l'affaire".
Dans sa dernière adresse radiophonique hebdomadaire en tant que Premier ministre, le 17 avril, M. Fayyad avait appelé à des élections pour "reconstruire le système politique palestinien", estimant qu'il ne pourrait y avoir "d'État de Palestine sans que la bande de Gaza en fasse partie intégrante".
Les accords de réconciliation prévoient que les gouvernements rivaux de M. Fayyad et du Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections. Mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées.
Lors d'une nouvelle réunion au Caire le 14 mai, Fatah et Hamas se sont donné trois mois pour former un gouvernement d'union nationale et convoquer des élections simultanées.
(Avec dépêches)