Alors que Benjamin Netanyahou a pris officiellement ses fonctions de Premier ministre lors d'une cérémonie, le président palestinien Mahmoud Abbas l'a accusé de "ne pas croire à la paix".
AFP - Le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a pris ses fonctions mercredi à la tête d'un gouvernement de droite, alors que le président palestinien Mahmoud Abbas l'a accusé de "ne pas croire à la paix".
"Nous allons commencer à travailler au plus vite, car nous avons une lourde mission à remplir", a déclaré M. Netanyahu lors de la cérémonie de passation de pouvoir à la présidence de l'Etat, à Jérusalem.
Cette cérémonie, première du genre dans l'histoire d'Israël, s'est déroulée en présence du chef de l'Etat, Shimon Peres, et du Premier ministre sortant, Ehud Olmert, ainsi que la chef de l'opposition, Tzipi Livni.
Visiblement ému, M. Olmert a exhorté son successeur à "poursuivre la quête de la paix, car il n'y a pas d'autre chemin pour Israël que de suivre celui qui mène à la paix".
Mais le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a rencontré M. Olmert à plus de 20 reprises depuis fin 2007 pour tenter de parvenir à un accord de paix, ne se fait pas d'illusions.
"Benjamin Netanyahu n'a pas accepté la solution des deux Etats ou les accords déjà signés et ne veut pas arrêter la colonisation. Cela est évident", a affirmé M. Abbas, dans un entretien publié par l'agence officielle palestinienne WAFA.
"Nous devons dire au monde que cet homme ne croit pas à la paix. Il faut mettre la balle dans le camp du monde entier pour qu'il fasse pression sur lui et pour que le monde assume ses responsabilités", a-t-il ajouté.
La veille, dans son discours d'investiture, M. Netanyahu s'est adressé aux dirigeants de l'Autorité palestinienne: "Si vous voulez vraiment la paix, il est possible d'arriver à la paix. Le gouvernement sous ma direction agira pour arriver à la paix sur trois volets: économique, sécuritaire et politique", a-t-il dit.
Dans le cadre d'un "accord définitif", a-t-il poursuivi, les Palestiniens "disposeront de tous les droits pour se gouverner eux-mêmes, sauf ceux susceptibles de constituer un danger pour la sécurité et l'existence de l'Etat d'Israël".
Mais il s'est gardé d'évoquer l'avènement aux côtés d'Israël d'un Etat palestinien auquel l'Union européenne et le président américain Barack Obama entendent oeuvrer et qui figure au coeur des efforts de paix depuis des années.
Un haut responsable israélien a indiqué mercredi que M. Netanyahu entendait se rendre aux Etats-Unis en mai pour rencontrer M. Obama. Selon lui, les deux dirigeants devaient s'entretenir au téléphone mercredi.
La communauté internationale s'est inquiétée du cabinet Netanyahu, fortement ancré à droite malgré la participation du Parti travailliste, craignant qu'il donne le coup de grâce aux efforts de paix et intensifie la colonisation.
La Jordanie, liée par un traité de paix avec Israël depuis 1994, a ainsi exprimé l'espoir mercredi que les efforts de paix au Proche-Orient ne calerait pas sous le cabinet Netanyahu.
"Nous espérons que les choses ne vont pas reculer. Ils devraient aller de l'avant pour parvenir à la paix dans l'intérêt de tous", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement Nabil Sharif.
En Israël, la grande majorité des compatriotes de M. Netanyahu se disent mécontents de son gouvernement, investi mardi soir par 69 députés contre 45, sur 120 à la Chambre.
Selon un sondage publié par le journal Haaretz, pas moins de 54% des Israéliens s'affirment mécontents de ce cabinet hypertrophié de 30 ministres, contre 30% de satisfaits, et 16% sans opinion.
Seules 42% des personnes interrogées le croient capable de relever les défis auxquels Israël est confronté en matière de sécurité, 40% l'en croient incapable, et 18% sont sans opinion.