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Russie et États-Unis veulent établir de nouvelles relations au G20

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev, réunis pour la première fois à Londres dans le cadre du G20, vont tenter de donner un nouveau départ aux relations entre leurs deux pays.

Reuters - Les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev vont tenter de donner un nouveau départ aux relations américano-russes lors du sommet qui les réunit pour la première fois mercredi à Londres en marge de la réunion de leurs homologues du G20.

Alors que leurs prédécesseurs George Bush et Vladimir Poutine comptaient essentiellement sur leur relation personnelle pour surmonter leurs divergences, Medvedev et Obama, tous deux quadragénaires, se veulent essentiellement pragmatiques.

De part et d'autre, on estime que le résultat le plus concret à attendre de leur rencontre est un accord pour engager des pourparlers sur un nouveau traité limitant les missiles stratégiques à longue portée, pour remplacer celui qui expire cette année.

Dmitri Medvedev s'est félicité de l'intention affichée par Barack Obama de tourner le dos à l'approche diplomatique, unilatérale et abrupte aux yeux de Moscou, que les Etats-Unis avaient adoptée ces dernières années.

Le président russe s'est déclaré ravi de la lettre qu'il a reçue d'Obama expliquant ses priorités internationales. "A dire vrai, j'ai été surpris en la lisant de constater que de nombreux points de vue qui y sont exprimés coïncident avec mes idées", a confié Medvedev ce week-end à la BBC.

Denis McDonough, conseiller adjoint à la sécurité nationale d'Obama, a fait écho à cet optimisme. "Nous avons le sentiment que l'atmosphère autour de notre relation avec la Russie s'est spectaculairement améliorée ces dernière semaines", a-t-il jugé.

Mais les motifs persistants de dissensions entre les deux pays incitent à une certaine prudence.

La volonté des Etats-Unis de Bush d'installer un bouclier antimissile en Europe de l'Est et de faire entrer l'Ukraine et la Géorgie dans l'Otan ont crispé l'an dernier les relations bilatérales, de même que les soupçons américains sur la nature des relations entre Moscou et Téhéran.

GALOP D'ESSAI

Selon Sergueï Prikhodko, conseiller diplomatique de Medvedev, il faut seulement s'attendre à ce que le sommet de Londres donne une impulsion aux relations bilatérales et non pas à ce qu'il règle toutes les questions en suspens.

"Il nous semble que, dans une certaine mesure, ce sera pour chacun un simple galop d'essai. Etant réalistes, nous ne connaissons que trop bien les contradictions qui nous divisent et nous ne nourrissons pas l'illusion qu'elles pourront être surmontées facilement."

La réduction des armements est l'un des principaux points à l'ordre du jour, mais pas le plus litigieux. Les deux pays divergent sur le texte qui devra remplacer le traité START de 1991, qui expire en décembre.

La Russie lie la question à l'abandon par Washington de son projet d'installer en Pologne et en République tchèque des éléments de son bouclier antimissile au profit d'un dispositif commun. Medvedev et Obama devraient, selon Prikhodko, s'entendre sur les instructions à donner aux négociateurs.

L'Afghanistan, où Barack Obama prévoit d'envoyer 17.000 hommes supplémentaires cette année pour contrer l'insurrection des taliban et réduire les bases d'Al Qaïda à la frontière avec le Pakistan, est un autre domaine où Washington et Moscou seraient susceptibles de prendre un nouveau départ.

La Russie autorise l'équipement militaire non offensif à parvenir aux forces de l'Otan par chemin de fer à travers son territoire, lui fournissant une alternative à la route passant par le Pakistan, mais elle a aussi encouragé l'ex-République soivétique du Kirghizistan à fermer une base aérienne américaine.

Le principal point d'interrogation autour de ce sommet Obama-Medvedev porte sur la marge de manoeuvre dont le jeune président russe dispose en politique étrangère par rapport à son prédécesseur et Premier ministre Vladimir Poutine, grand absent de la réunion.

Formé à l'école du KGB, Vladimir Poutine est traditionnellement intransigeant avec l'Occident. La plupart des Russes sont convaincus qu'il conserve la haute main sur la politique de leur pays, bien que Dmitri Medvedev ait assuré à la BBC que la politique étrangère relevait de son domaine exclusif.