
Plusieurs dizaines de manifestants s'en sont pris aux forces de l'ordre et aux journalistes, dimanche soir, après la dispersion de la manifestation conte le mariage gay, qui a rassemblé entre 150 000 et un million de personnes.
Après une forte mobilisation, dimanche 26 mai, pour la manifestation contre la loi promulguée le 18 mai qui autorise le mariage homosexuel, la tension est montée dans la soirée, près des Invalides, à Paris. Des reporters de FRANCE 24 ont aperçu des manifestants lançant des projectiles et scandant des slogans hostiles aux journalistes et au gouvernement. D'après Mathieu Mabin, envoyé spécial de FRANCE 24, c'est une "bataille rangée" qui faisait rage.
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés peu avant 20h30, rue de l'Université, face aux forces de l'ordre, en scandant "Ça va péter, ça va péter", "Dictature socialiste" ou "Journalistes collabos", ont également constaté des reporters de l'AFP. Des projectiles étaient lancés en direction des forces de l'ordre et des journalistes, dont plusieurs étaient coursés.
Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, qui condamne les violences, "ces incidents ont été provoqués par plusieurs centaines d'individus, pour la plupart issus de l'extrême droite et de la mouvance identitaire, qui ont agressé violemment des policiers, dont quatre ont été blessés, des gendarmes, ainsi que des journalistes".
Un million de participants selon la police, 150 000 selon les organisateurs
Comme à chaque fin de manifestation, les chiffres de la police et ceux des organisateurs montrent un écart significatif. La préfecture de police a en effet comptabilisé 150 000 manifestants ce dimanche, soit deux fois moins que lors de la dernière manifestation nationale du 24 mars, tandis que les organisateurs de "La Manif pour tous" ont annoncé plus d’un million de personnes dans les différents cortèges convergeant vers les Invalides.
Une manifestation distincte, organisée dans le centre de Paris par l'institut Civitas, proche des catholiques intégristes, a quant à elle rassemblé 2 800 personnes, selon la police.
La présidente de La Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, a assuré que le combat allait se poursuivre et que le mouvement s'installait "durablement dans le paysage français et européen".
Barjot se prive de Manif' pour tous
Depuis plusieurs jours, Frigide Barjot, la figure de proue de la contestation, visiblement dépassée par sa droite et déplorant que le mouvement ait été "récupéré", s'était déclarée menacée et privée de liberté de parole, au point de renoncer à défiler. Absente de la manif, elle a estimé sur le plateau de BFM-TV que les chiffres de la police, c'était "juste pour énerver et mépriser les gens, faire monter les extrêmes".
Apportant leur soutien aux "anti", plusieurs élus de l'UMP (Jean-François Copé, Henri Guaino, Laurent Wauquiez, Hervé Mariton, Brice Hortefeux) et du Front national ont néanmoins pris part au défilé.
Jean-François Copé, le président de l'UMP, a même donné rendez-vous aux anti-mariage gay dans les urnes, lors des prochaines élections municipales. Une déclaration taxée de récupération politique par beaucoup, notamment par Frigide Barjot, qui a affirmé dans l'après-midi sur i>Télé : "Nous sommes de gauche comme de droite, au-delà de la gauche et au-delà de la droite".
Trois jours avant la célébration prévue du premier mariage gay à Montpellier, cette nouvelle mobilisation massive était placée sous haute surveillance. La préfecture de police avait mobilisé 4 500 policiers et gendarmes pour encadrer les cortèges, qui ont été émaillés par quelques incidents.
Près de 300 interpellations
Selon la préfecture de police, 296 personnes ont été interpelées, dont 231 placées en garde à vue.
itPeu avant 16h, une dizaine de personnes se revendiquant du mouvement Génération identitaire ont escaladé une terrasse du siège du Parti socialiste, déployant une banderole sur laquelle on pouvait lire "Hollande démission". Interpellés, ils sont repartis en fourgonnette policière, sous les hourra d'une trentaine de personnes. Harlem Desir a annoncé que le PS allait porter plainte.
À l'arrière du cortège de Civitas, dans lequel ont marché plusieurs centaines de personnes, le groupe d'extrême droite des Jeunesses nationalistes a défilé derrière sa banderole. En fin de journée, parce qu'ils refusaient de se disperser place de l'Opéra, 25 d'entre eux ont été encerclés par les forces de l'ordre et interpellés.
Avec dépêches
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