Le cycliste autrichien Bernhard Kohl, déchu de sa troisième place du dernier Tour de France pour dopage, aggrave son cas. Après avoir reconnu la prise d'EPO, il avoue désormais avoir eu recours au dopage sanguin...
AFP - Le cycliste autrichien Bernhard Kohl, déchu de sa 3e place du Tour de France 2008 pour dopage, a confirmé mardi avoir utilisé plusieurs méthodes de dopage, notamment le dopage sanguin, indiquant avoir à cet effet fréquenté le laboratoire viennois Humanplasma.
"Il (Stefan Matschiner) m'a fourni en produits dopants. J'ai procédé aussi trois ou quatre fois à du dopage sanguin", a déclaré le cycliste, suspendu deux ans pour dopage, lors d'une conférence de presse à Vienne mardi soir.
Son ancien manageur Stefan Matschiner, arrêté tôt mardi, avait révélé aux enquêteurs qu'il avait aidé Kohl à pratiquer le dopage sanguin, alors qu'il avait nié jusqu'à présent avoir fourni des produits dopants à quiconque.
Bernhard Kohl avait quant à lui jusqu'alors simplement reconnu l'usage d'EPO Cera sur la Grande Boucle, sans nommer ses fournisseurs.
Il a reconnu mardi qu'il se dopait depuis le début de sa collaboration avec M. Matschiner en 2005, et que ce dernier lui avait fourni, outre de l'EPO, de l'hormone de croissance, de l'insuline et de la testostérone.
Au total, il a dit avoir versé environ 50.000 euros à son ancien manageur pour ses services. Ce dernier ne lui a pas fourni, en revanche, d'EPO Cera.
"J'ai dit tout ce que je savais sur Matschiner et sur mon fournisseur de Cera. J'ai donné tous les noms que je connaissais, mais je ne veux pas les révéler publiquement en raison de l'enquête en cours", a déclaré Kohl.
Kohl à précisé s'être rendu à trois reprises avec Matschiner au laboratoire viennois Humanplasma, afin d'y subir du dopage sanguin avant août 2008. La dernière transfusion reçue par Kohl et opérée par Matschiner a eu lieu en septembre 2008, selon l'avocat de Kohl, Manfred Ainedter.
Selon lui, la nouvelle loi antidopage d'août 2008, prévoyant des peines d'emprisonnement allant jusqu'à cinq ans pour la possession, le trafic de produits dopants, ainsi que le dopage sanguin, pourrait être utilisée contre l'ancien manageur.
Ces révélations relancent également les spéculations sur les activités de l'institut Humanplasma. Une enquête avait été lancée en février 2008 contre deux médecins du laboratoire, soupçonnés d'avoir monté un système de dopage sanguin autologue (avec le sang des donneurs) impliquant des sportifs autrichiens et étrangers. Elle a été classée sans suite, notamment pour des raisons juridiques, avait annoncé le parquet de Vienne le 24 mars.
Bernhard Kohl est le premier sportif à avouer avoir été un client du laboratoire Humanplasma.
Le cycliste a aussi avoué avoir participé à l'achat d'une centrifugeuse pour préparer le sang. "Ma part s'est montée à 20.000 euros, elle a été en tout payée par trois sportifs. D'autres sportifs qui l'ont utilisée par la suite ont aussi contribué", a souligné le coureur sans donner de noms.
Selon son avocat, la machine se trouvait au domicile du manageur à Laakirchen (nord).
Kohl a nié en revanche avoir eu des contacts avec un cancérologue pour enfant, Andreas Zoubek, accusé par la triathlète Lisa Hütthaler de lui avoir injecté de l'EPO.
"Je ne le connais que par ce qu'en disait Matschiner", a-t-il souligné.