Après la victoire dimanche de la coalition au pouvoir depuis 56 ans, des dizaines de milliers de Malaisiens se sont rassemblés pour dénoncer des fraudes. Le leader de l'opposition, Anwar Ibrahim, a promis de "continuer la bataille".
Ils étaient des dizaines de milliers, mercredi 8 mai au soir, dans un stade de Kuala Lumpur pour dénoncer des fraudes lors des élections législatives du 5 mai.
it"C'était un rassemblement pacifique même si l'ambiance était exaltée, raconte Carrie Nooten, l'envoyée spéciale de FRANCE 24. Les principaux médias, accusés d'être à la solde du pouvoir, se gardent bien d'en faire leur une aujourd'hui. Pourtant c'est la première fois que les Malaisiens parviennent à braver leur gouvernement de cette façon."
Anwar Ibrahim estime que sa victoire lui a été "volée"
Au lendemain de la courte victoire de la coalition du Barisan Nasional (BN, littéralement Front national), le Premier ministre Najib Razak, qui dirige la Malaisie depuis son indépendance en 1957, a été reconduit à son poste. Pour la première fois, le parti au pouvoir était pourtant menacé d'être devancé par l'opposition emmenée par Anwar Ibrahim. Conforté par les sondages, ce charismatique sexagénaire nourrissait l'espoir d'instaurer une alternance politique.
Il estime aujourd'hui que la victoire lui a été "volée" par des fraudes massives. Le chef de file de l'opposition s'est exprimé mercredi devant la foule, sans mâcher ses mots. "Ce n'est que le point de départ d'une bataille entre le peuple et un gouvernement illégitime, corrompu et arrogant, a-t-il lancé. Nous continuerons cette bataille et nous ne nous soumettrons pas." "Les Malaisiens veulent savoir ce qui s'est passé dimanche lors du vote et du dépouillement, assure Carrie Nooten. Ils ont peur que cette élection leur ait été volée."
Des législatives entachées d'irrégularités
Le Barisan Nasional a rejeté toute accusation de fraude. Un rapport, publié le 8 mai par deux organisations indépendantes, estime cependant que les élections ont été entachées de partialité et d'irrégularités, accompagnés de "sérieux défauts" du système électoral. Ce document cite notamment l'utilisation par le parti au pouvoir des moyens de l'État, un parti pris pro-gouvernemental de la presse et une encre indélébile, utilisée pour marquer les personnes ayant déjà voté, qui s'effaçait facilement.
Le chef de la police nationale, Ismail Omar, avait prévenu que la tenue du rassemblement était illégale, ses organisateurs n'ayant selon lui pas suivi la procédure d'usage. Aucune violence n'a toutefois été rapportée et la présence policière est restée discrète.
FRANCE 24 avec dépêches