Le numéro deux du Parti démocrate, Enrico Letta, a pour mission de former un nouveau gouvernement alliant les partis de gauche et de droite, deux mois après les élections qui ont plongé la Péninsule dans l'impasse politique.
Après l’échec de Pier Luigi Bersani, c’est au tour d’Enrico Letta de tenter de former un nouveau gouvernement italien alliant centre-gauche et centre-droit. Le numéro deux du Parti démocrate (PD, gauche) s’est vu confier cette lourde tâche par le président Giorgio Napolitano, mercredi 24 avril.
"Cela fait 60 jours que le pays attend un gouvernement. C'est une situation très difficile, fragile, inédite, qui ne peut pas durer", a déclaré Enrico Letta, 46 ans, à la sortie de son entretien avec le président de la République.
La nouvelle étape pour cette figure modérée de la gauche est de procéder, comme le veut la Constitution, à des consultations avec toutes les forces politiques, à partir de jeudi. En cas d’accord, il pourra alors être nommé formellement chef d’un gouvernement qui pourrait être installé d’ici la fin de la semaine.
Pour une réforme des institutions
itEnrico Letta, cravate bleue et fines lunettes, a déjà énuméré les réformes qu'il compte mener en priorité : réduction du nombre de parlementaires, suppression des provinces, réforme de la loi électorale, "à l'origine de la crise actuelle", a-t-il relevé, ajoutant que "la politique avait perdu toute sa crédibilité".
Un jugement qui rejoint celui de Giorgio Napolitano, le président réélu samedi dernier qui lors de son discours d’investiture, lundi, avait durement critiqué la classe politique italienne. Il avait notamment jugé "impardonnable" que le Parlement ne se soit pas attelé à certaines réformes, en particulier celle de la loi électorale.
Mercredi, le président Napolitano s’est déclaré "confiant" que M. Letta parvienne à former un gouvernement qui obtiendra, enfin, la majorité dans les deux Chambres du Parlement. Selon lui, Enrico Letta incarne une nouvelle génération : "Il est jeune et même très jeune selon les critères italiens", a-t-il ironisé tout en insistant sur l'expérience de ce dernier, qui a déjà occupé plusieurs postes ministériels et est entré en politique dès sa prime jeunesse.
Un accord en vue avec le parti de Berlusconi
Sa tâche sera pourtant difficile puisque son propre parti s’est jusqu’ici farouchement opposé à une alliance entre les forces de droite et celles de gauche. Le PD refuse en effet un accord avec son ennemi juré, Silvio Berlusconi, et préfère chercher un terrain d’entente avec le mouvement de l'ex-comédien Beppe Grillo qui lui a claqué la porte au nez à plusieurs reprises.
C'est pourtant avec le Peuple de la Liberté qu'il risque d'y avoir un accord, puisque le parti de Silvio Berlusconi a déjà fait savoir qu'il soutiendrait le futur gouvernement, de même que les centristes du chef de gouvernement sortant Mario Monti. "Il va falloir entrer dans le détail des attributions des postes et les négociations pourraient être difficiles entre les deux partis hier adversaires et qui vont être demain forcés de cohabiter au sein du même gouvernement", analyse Tristan Dessert, le correspondant de FRANCE24 à Rome.
itEnrico Letta est d'ailleurs le neveu de Gianni Letta, l'homme de confiance de Silvio Berlusconi, ce qui pourrait faciliter les passerelles entre les grandes formations politiques, même s'il n'a jamais ménagé ses critiques contre le Cavaliere.
La Ligue du Nord, ex-alliée de Berlusconi, sera elle hostile à tout accord, tandis que les "grillons" du Mouvement cinq étoiles (M5S) ont promis une "opposition constructive", prêts à voter les mesures qu'ils approuveront. Selon l'organisation patronale Confindustria, deux mois sans gouvernement fort aurait coûté à l'Italie un point de PIB.
Avec dépêches