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Attentat déjoué au Canada : les suspects présentés à la justice

Les deux hommes suspectés d'avoir fomenté un attentat contre un train Toronto-New York ont brièvement comparu mardi devant la justice pour se faire signifier leurs chefs d'accusation. Les inculpés nient toute implication.

Deux hommes inculpés au Canada pour un projet d'attentat contre un train de voyageurs ont comparu séparément mardi devant la justice.

Raed Jaser, 35 ans, résidant à Toronto, et Chiheb Esseghaier, 30 ans, de Montréal, ont été arrêtés et inculpés lundi. Le complot dont ils sont soupçonnés est sans rapport avec le double attentat de Boston il y a une semaine, a déclaré la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Raed Jaser a comparu devant un tribunal de Toronto, portant une longue barbe noire et une casquette noire. Le contenu des conversations tenues à l'audience est interdit de diffusion par la justice.

Raed Jaser a nié toute implication, a dit son avocat John Norris aux journalistes. Il sera convoqué à nouveau pour une audience consacrée à son éventuelle libération sous caution.

"Il nie ces allégations et les combattra vigoureusement", a déclaré David Norris, ajoutant que son client était dans un état "de choc et d'incrédulité". S'il n'a pas donné la nationalité de Raed Jaser, l'avocat a précisé qu'il était installé depuis vingt ans au Canada.

Chiheb Esseghaier, un étudiant en doctorat d'origine tunisienne, a comparu menotté et entravé devant un tribunal de Montréal. Il a déclaré au juge que les conclusions tirées par les enquêteurs "ne reposaient que sur des apparences".

Le doctorant, portant barbe et lunettes, a été maintenu en détention et devrait comparaître prochainement à Toronto.

Chiheb Esseghaier achevait un doctorat dans le domaine de l'énergie et des matériaux à l'Institut national de la recherche scientifique, près de Montréal, a-t-on appris auprès de l'établissement, où il a été admis en 2010.

Téhéran en colère

Les deux hommes avaient l'intention et les moyens de commettre un attentat, mais il n'y avait pas de risque imminent pour le public, les passagers ou les infrastructures, a dit James Malizia, de la GRC, en annonçant leur arrestation.

A Washington, on indique de source proche des services de renseignement que les deux hommes visaient la ligne Toronto-New York. La GRC ne le précise pas, mais évoque un projet visant un train de VIA Rail Canada dans l'agglomération de Toronto.

"Les individus recevaient un soutien d'éléments d'Al Qaïda établis en Iran", mais rien n'indique que le projet était soutenu par un Etat, a ajouté James Malizia.

Selon l'inspecteur Doug Best, c'est un avertissement émanant de la communauté musulmane canadienne qui a permis de placer les deux hommes sous surveillance l'automne dernier.

Les liens avec une organisation se réclamant d'Al Qaïda en Iran étonnent les experts. Plusieurs cadres du mouvement islamiste y ont été placés en résidence surveillée après les attentats du 11 septembre 2001, mais aucun projet d'attentat en
Occident n'y a été signalé.

De source proche du gouvernement américain, on signale toutefois l'existence d'un réseau d'intermédiaires de l'organisation à Zahedan, ville proche des frontières afghane et pakistanaise.

Hostiles aux activistes sunnites d'Al Qaïda, les autorités iraniennes procèdent de temps à autre à des coups de filets dans leurs rangs, mais ferment parfois les yeux sur les activités.

L'Iran a réagi avec colère au lien établi par le Canada, qui a rompu l'an dernier ses liens avec Téhéran en l'accusant de soutenir des groupes terroristes.

"Aucun commencement de preuve n'a été fourni concernant ces personnes", a déclaré Ramin Mehmanparast, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le complot dévoilé lundi est le premier du genre imputé à Al Qaïda sur le territoire canadien.

En 2006, les forces canadiennes avaient arrêté une vingtaine de personnes vivant dans l'agglomération de Toronto et soupçonnés d'avoir voulu poser des bombes. Plus récemment, la police a confirmé que deux Canadiens avaient participé en
janvier dernier à la sanglante prise d'otage du site gazier de Tinguentourine, près d'In Amenas, en Algérie.

Reuters

Tags: Terrorisme, Canada,