Le Parti démocrate a désigné à l'unanimité Romano Prodi comme candidat à la présidence de la République. L'ancien président du Conseil, qui dispose d'un large soutien au sein de son parti, est l'un des plus fervents adversaires de Silvio Berlusconi.
Sur proposition de son chef de file, Pier Luigi Bersani, le Parti démocrate (PD) a désigné, ce vendredi 19 avril, à l'unanimité, Romano Prodi pour briguer la présidence italienne, selon une source interne au PD.
L'ancien président du Conseil et ancien président de la Commission européenne dispose de nombreux soutiens au sein du centre gauche, mais il est vivement rejeté par Silvio Berlusconi, son adversaire politique de longue date et chef de file du centre-droit.
Deux tours de scrutin infructueux
Jeudi, deux tours de scrutin n'ont pas permis au collège de 1007 grands électeurs chargé
itd'élire le nouveau chef de l'État de désigner un nouveau président de la République. La veille, un consensus semblait pourtant avoir été trouvé autour de l’ancien président du Sénat Franco Marini, âgé de 80 ans, soutenu par les centristes, le centre-gauche de Pier Luigi Bersani et le Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi. "Franco Marini a effectivement fait l’objet d’un accord mercredi soir, mais il y a énormément de dissensions dans les rangs du centre-gauche", explique Pierre Musso, politologue, spécialiste de l’Italie.
De nombreux membres de la coalition de Pier Luigi Bersani, notamment le fougueux maire de Florence Matteo Renzi et le président de la région des Pouilles, Nichi Vendola, n’ont pas caché leur hostilité au choix de Franco Marini. "C’est un candidat du siècle dernier", a commenté Matteo Renzi, estimant que l’octogénaire n’avait "ni charisme ni la moindre stature internationale".
L’humoriste Beppe Grillo, fondateur du Mouvement cinq étoiles (M5S), parti qui avait cristallisé le vote contestataire pendant les législatives en février, a contribué à décrédibiliser Franco Marini en le taxant "d’homme du système". Il avait appelé les parlementaires de tous bords à voter pour Stefano Rodota, un constitutionnaliste désigné par les militants du Mouvement lors d’un vote sur Internet la semaine dernière.
"Le président est un facteur de stabilité"
En Italie, la fonction présidentielle est largement considérée comme honorifique. Mais une fois nommé, le successeur de Giorgio Napolitano aura la lourde tâche de résoudre la grave crise politique qui dure depuis près de deux mois dans le pays. "Le président est un facteur de stabilité, c’est l’autorité morale, c’est le référant donc il peut se révéler très important, particulièrement dans la crise dans laquelle nous nous trouvons", précise Pierre Musso. Le président dispose en outre d’une arme pour sortir l’Italie du marasme : la possibilité de dissoudre le Parlement. Il lui appartiendra donc de nommer un gouvernement de transition ou d’organiser des élections dès le mois de juillet.
Si aucun candidat n’obtient la majorité des deux tiers après trois votes, l’élection se jouera à la majorité simple à partir du quatrième tour de scrutin. En 2006, quatre votes avaient été nécessaires avant que Giorgio Napolitano soit désigné à la présidence de la République.