
Une personne passe devant une affiche de la COP 30, à Belem au Brésil, le 5 novembre 2025 © Mauro Pimentel, AFP
"Il est temps d'infliger une nouvelle défaite aux négationnistes", a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva en ouverture de la 30e conférence sur le climat de l'ONU (COP30), lundi 10 novembre, à Belem en Amazonie brésilienne, où les 50 000 participants sont chargés d'empêcher l'effondrement de la coopération mondiale sur le sujet.
Le président brésilien a répété qu'investir pour le climat coûtait "beaucoup moins cher" que les guerres. Avec une volonté d'éviter le fatalisme : "Nous allons dans la bonne direction, mais à la mauvaise vitesse".
"Se lamenter n'est pas une stratégie, nous avons besoin de solutions", a lancé de son côté Simon Stiell, chef de l'ONU Climat, qui coorganise la COP30 avec le pays hôte.
Il demande que les tractations produisent du concret : davantage d'engagements pour sortir des énergies fossiles, pour développer les renouvelables, et pour envoyer l'argent promis aux pays pauvres pour les aider dans un climat plus violent.
"Il est absurde, tant sur le plan économique que politique, de tergiverser alors que des méga-sécheresses détruisent les récoltes nationales et font flamber les prix des denrées alimentaires", a-t-il plaidé.
Dans un message vidéo, le président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a jugé, "presque inévitable" de dépasser à court terme le seuil de 1,5°C de réchauffement, l'objectif fixé par l'accord de Paris en 2015.
"Il est désormais presque inévitable que le réchauffement climatique dépasse 1,5°C à court terme, et cela est clairement dû à l'insuffisance des mesures prises en faveur du climat au cours des dernières années et à l'augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre qui en a résulté", a affirmé Jim Skea, président du groupe de chercheurs établissant le consensus scientifique sur le climat.
Inévitable dépassement
"Le contexte géopolitique est le plus difficile de toutes les COP", analyse pour l'AFP Bill Hare, directeur du centre de réflexion Climate Analytics. Il rappelle que pendant le premier mandat du climatosceptique Donald Trump, dans la foulée de l'accord de Paris, le régime climatique avait continué à se construire.
"C'est aussi l'une des COP les plus importantes car 10 ans après l'accord de Paris, il est évident que les actions et engagements des pays sont loin de suffire pour limiter le réchauffement à 1,5°C", ajoute l'expert.
Ce que le chef de l'ONU, Antonio Guterres, reconnaît depuis quelques semaines, appelant désormais à ce que le dépassement soit le plus court possible.
Ce qui implique de faire enfin baisser les émissions mondiales de gaz à effet de serre, principalement dues à la combustion du pétrole, du gaz et du charbon.
Mais les Etats-Unis, premier producteur mondial de pétrole et 2e émetteur de gaz à effet de serre, sont absents pour la première fois de l'histoire de ces réunions, et le front des pays producteurs de pétrole a repris du poil de la bête depuis l'appel de Dubaï à sortir progressivement des énergies fossiles il y a deux ans.
"C'est mieux que d'envoyer des gens tout bloquer, non?" dit à l'AFP la cheffe de Greenpeace au Brésil, Carolina Pasquali, à propos de l'absence de délégation de Washington.
Front des pays arabes
Un groupe de petites îles bataille pour que soit inscrit à l'ordre du jour le besoin de formuler une réponse à cet échec, mais le groupe des pays arabes et d'autres refusent.
"1,5°C n'est pas qu'un chiffre ou un objectif, c'est une question de survie", dit à l'AFP Manjeet Dhakal, conseiller du groupe des pays les moins développés à la COP. "Nous ne pourrons cautionner aucune décision qui n'inclue pas de discussion sur notre échec à éviter 1,5°C."

Mais il n'y aura pas de bras de fer d'emblée sur l'ordre du jour officiel de la conférence: les discussions les plus tendues sur ce sujet ainsi que la taxe carbone européenne et les mesures commerciales unilatérales ont été reportées à mercredi.
"Ils se sont mis d'accord pour ne pas gâcher la fête de Lula aujourd'hui", dit à l'AFP Alden Meyer, analyste du think tank E3G.
L'un des mystères de ces deux semaines de négociation concerne la "feuille de route" sur les énergies fossiles mise sur la table par Lula lors du sommet de chefs d'Etat, la semaine dernière à Belem.
Le Brésil a donné rendez-vous mardi pour clarifier ses intentions.
Si les Brésiliens s'activent diplomatiquement depuis un an, ils sont en retard sur la logistique.
Les ouvriers ont travaillé toute la nuit pour terminer de nombreux pavillons où les pays organisent leurs propres événements, et des délégués nationaux ont découvert que leurs bureaux de travail n'étaient pas prêts lundi matin.
Avec AFP
