
Eric Harroun a été arrêté mercredi aux États-Unis, à son retour de Syrie. Il est soupçonné d'avoir combattu aux côtés du groupe djihadiste Jabhat al-Nosra, considéré comme "terroriste" par Washington. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Un keffieh noir et blanc, un regard bleu et un large sourire. Accompagné d'un rebelle syrien islamiste, Eric Harroun pose pour une photo souvenir, qu'il a postée sur son profil Facebook. Cet ancien soldat américain a été arrêté mercredi, à l'aéroport de Washington-Dulles, à son retour de Syrie. Il est soupçonné de complot par les autorités américaines après avoir combattu aux côtés d’un groupe de rebelles islamistes.
Il n’est pas le premier djihadiste à être venu d’occident pour prêter main fortes aux rebelles
syriens. Mais l'ex-marine a reconnu avoir combattu aux côtés de Jabhat al-Nosra, un groupe affilié à Al-Qaïda en Irak selon Washington, et que les États-Unis ont inscrit sur leur liste noire des organisations terroristes.
Fait pour le moins surprenant : loin de tenter de se cacher, Eric Harroun a au contraire exposé ses actes et autres faits de guerre. Sur sa page Facebook, fleurissent des photos où il se met en scène, en armes, avec ses compagnons rebelles. Dans une vidéo visible sur Youtube (voir ci-dessous), datant de la mi-janvier, il menace directement le président syrien Bachar al-Assad : "Tes jours sont comptés, tu ferais mieux de te retirer tant qu'il est encore temps. Quoi qu'il arrive, tu vas mourrir : nous allons te trouver et te tuer", lance l'Américain au dirigeant syrien.
Âgé de 30 ans, l’homme est originaire de Phoenix en Arizona et a servi dans l'armée américaine pendant trois ans avant d'être blessé en 2003. Dans un article intitulé "Le djihadiste de Phoenix", et publié sur son site internet, le magazine américain Foreign Policy assure que le jeune homme, qui se présente comme un musulman sunnite, est issu d'une famille chrétienne.
Cité par le magazine, le père du jeune homme révèle que deux de ses amis, Maadh et Hayder Ibrahim, des frères irako-américains, ont joué un rôle important dans la conversion d'Eric Harroun à l'Islam et dans sa radicalisation.
Le portrait relève certaines contradictions dans le comportement du combattant. "Bien que l'Islam proscrive l'alcool, il semble aimer en boire. Beaucoup", peut-on lire. "L'alcool et les femmes revenaient souvent dans nos conversations", écrit le journaliste qui a pu s'entretenir à plusieurs reprises avec Eric Harroun via Skype notamment.
Des liens avec Jabhat al-Nosra
Lors de ces échanges début mars et mi-mars durant lesquels il n'hésite pas à proférer des commentaires antisémite et antisioniste, Eric Harroun avait d'abord affirmé qu'il faisait partie d'une brigade de rebelles affiliée à l'Armée syrienne libre. Il finira par avouer au magazine ses liens avec Jabhat al-Nosra et notamment avec l'un des chefs du groupuscule, connu sous le nom de "Shishani" (le Tchétchène). Admiratif, il décrit ce dernier comme un homme "humble". À la mort de Shishani, l'ex-soldat a salué la mémoire du "martyr", déplorant la perte d'un "homme bien".
À son arrivée sur le sol américain, il a reconnu devant le FBI son association avec les combattants d'al-Nosra avec lesquels il a suivi un entraînement au maniement des armes. Il a également admis avoir transporté une mitraillette AK-47 qu'il avait l'intention d'utiliser contre les forces du régime syrien. Il a reconnu avoir tiré au moins une fois au lance-roquettes en Syrie, selon le procès-verbal du FBI, rendu public par le ministère de la Justice américain.
S 'il est condamné pour complot et utilisation d'arme de destruction massive en association avec une organisation terroriste affiliée à Al-Qaïda , Eric Harroun encoure la prison à vie.
"Bashar tu vas mourrir quoi qu'il arrive : nous allons te trouver et tu tuer", lance Eric Harroun