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Le cyclisme africain grand gagnant de Milan-San Remo

L'équipe sud-africaine MTN-Qhubeka a remporté, grâce à Gérald Ciolek, la première victoire d’une équipe africaine dans le circuit World Tour (1ère division) à l’occasion de Milan-San Remo, disputée dans des conditions dantesques dimanche.

La formation MTN-Qhuebka, qui évolue en Continental Pro (2e division), vient d’écrire une page de l’histoire du cyclisme. Elle est devenue, dimanche, la première formation africaine à remporter une course du World Tour, la 1ère division du cyclisme.

L’équipe sud-africaine le doit à son leader, l’Allemand Gérald Ciolek, qui a devancé les favoris, le Slovaque Peter Sagan et le Suisse Fabian Cancellara, au terme d’une édition "historique" de Milan-San Remo tronquée de 43 kilomètres à cause d'une tempête de neige.

Am I actually qualified for the winter olympics now? #MSR #Sanremo twitter.com/GeraldCiolek/s…

— Gerald Ciolek (@GeraldCiolek) 18 mars 2013

"C'est incroyable ! C'est un incroyable succès pour nous et une journée fantastique. Nous étions simplement invités sur cette course et maintenant, nous tenons le trophée", a déclaré Ciolek à l’arrivée. À 26 ans, cet ancien champion du monde espoirs (2006) attendait de connaître sa première très grande victoire. C’est désormais chose faite ! Ce succès est également un pied de nez à ceux qui ont pu critiquer son choix de carrière et son arrivée chez MTN-Qhubeka. "Quand j'ai choisi de rejoindre cette équipe, les gens m'ont demandé pourquoi j'avais pris une équipe Continental Pro. Le coaching et le staff de ma formation sont très professionnels. Je n'ai jamais vu un staff s'occuper si bien de ses coureurs. Je suis juste heureux d'être avec eux."

"Ce succès va augmenter considérablement la notoriété de l’équipe et tout l’élan de solidarité autour"

Invitée en Italie, l’équipe MTN-Qhubeka, première équipe africaine à prendre part à Milan-San Remo, est aussi devenue, ce dimanche, la première formation issue de 2e division à remporter l'un des "monuments" du cyclisme depuis la création du Pro Tour, en 2005.

"Cette victoire est tellement importante pour l’équipe. Le fait de participer à Milan-San Remo était déjà incroyable en soit, mais ce succès va augmenter considérablement la notoriété de l’équipe et tout l’élan de solidarité autour", s’est enthousiasmé Anthony Fitzhenry, fondateur de Qhubeka.

Car l’équipe sud-africaine porte le double nom de MTN, une firme de télécommunications, et de Qhubeka, une organisation à but non lucratif qui signifie "progresser" en zoulou. Son but est d'aider les enfants des communautés rurales en leur fournissant des vélos, un moyen de transport écolo adapté aux déplacements de transport scolaire.

Composée notamment de coureurs sud-africains, érythréens, rwandais, d’un Éthiopien et d’un Algérien, MTN-Qhubeka possède un budget de 3 millions d’euros, grâce notamment au soutien du géant sud-coréen Samsung.

"Nous allons pouvoir donner de la visibilité à l’Afrique", a récemment déclaré le manager de l’équipe Douglas Ryder à RFI. "Nous voulons définitivement montrer au monde que le cyclisme africain peut aussi s’illustrer dans les plus grandes courses."

Songezo Jim, premier Noir sud-africain à participer à une course du World Tour

La victoire de Ciolek sur Milan-San Remo arrive donc à point nommé, d’autant plus que cette 104e édition de la "classicissima" restera à coup sûr dans les annales.

Quatre degrés et la pluie au départ de Milan, zéro degré et la neige au pied du Turchino, le petit col à l'altitude de 532 mètres séparant la plaine lombarde de la mer ligure ! L'état de la route, impraticable à cause de la neige, a contraint les organisateurs de la "Primavera" ("Printemps", NDLR), bien mal nommée, à arrêter la course à Ovada (km 117). Les coureurs ont alors pris place dans leurs véhicules d'équipes pour rejoindre le littoral où un nouveau départ a été donné à Cogolet, deux heures plus tard !

Au milieu de ces conditions dantesques, un coureur de l’équipe MTN-Qhubeka a lui aussi marqué l’histoire. Songezo Jim est, en effet, devenu le premier Noir sud-africain à participer à une course du World Tour. Le coureur de 22 ans qui déclarait peu avant le début de la course vouloir "être comme une éponge, absorber et apprendre autant que je peux" n’a pas dû être déçu pour sa grande première qui en appellera forcément d’autres.