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Washington reconnaît avoir partiellement armé les cartels mexicains

En visite au Mexique, où elle effectue son premier voyage depuis sa prise de fonction, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a reconnu "une responsabilité" des États-Unis dans l'armement des cartels de drogue mexicains.

AFP - La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a reconnu mercredi une responsabilité des Etats-Unis dans l'armement des cartels de la drogue mexicains au début de sa première visite au Mexique en tant que chef de la diplomatie américaine.

"Oui, je pense très fortement que nous avons une responsabilité partagée, et nous n'allons pas nous borner à le reconnaître, mais travailler avec les Mexicains à élaborer les meilleures solutions", a-t-elle déclaré aux journalistes dans l'avion qui l'amenait à Mexico.

Au Mexique, les cartels s'affrontent dans une guerre sanglante pour le contrôle du trafic de la drogue, qui a fait plus de 5.300 morts dans le pays en 2008, malgré les 36.000 militaires et policiers déployés depuis deux ans.

Washington a annoncé mardi l'envoi de renforts policiers et judiciaires à la frontière mexicaine, en insistant sur la nécessité d'endiguer la consommation de drogue aux Etats-Unis et d'intensifier la coopération entre les deux pays.

La visite de Mme Clinton sera suivie dans les prochaines semaines de celles du ministre de la Justice Eric Holder et de la secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano, avant celle du président Barack Obama les 16 et 17 avril.

Le président mexicain Felipe Calderon, avec qui Mme Clinton avait rendez-vous dès son arrivée, avait souligné avant cette visite les efforts de son pays dans la lutte contre le trafic de drogue vers les Etats-Unis, premier client mondial de la cocaïne.

Il avait appelé à plusieurs reprises à des contrôles accrus, en sens inverse, sur le passage des armes et de millions de dollars en liquide à destination des cartels, et a récemment déclaré à l'AFP avoir eu la "parole" du président Obama que la coopération entre les deux pays serait accrue dans ce domaine.

Mardi, Mexico a offert des récompenses allant jusqu'à deux millions de dollars pour la capture de 24 barons de la drogue, dirigeants des six cartels les plus importants du pays.

Confirmant des propos de M. Obama mardi, Mme Clinton a confirmé que Washington allait renforcer sa stratégie de contrôle de la frontière des Etats-Unis vers le Mexique.

"Il n'y passe pas seulement des armes, mais des équipements de vision nocturne, des gilets pare-balles. Ces criminels tirent sur les représentants de l'ordre", a-t-elle expliqué.

"Etant donné que nous savons que l'énorme majorité, 90% de tout cela (l'armement) vient de notre pays, nous allons essayer de le stopper d'abord chez nous", a-t-elle ajouté.

Les contrôles automobiles et ferroviaires seront renforcés tout au long des plus de 3.000 km de frontière commune, de la Californie au Texas, et Washington cherche "davantage de moyens" d'empêcher le trafic d'armes, a-t-elle encore déclaré.

Elle a promis d'accélérer la livraison à Mexico d'équipement lourd, hélicoptères, scanners entre autres, dans le cadre de l'Initiative de Merida, plan de soutien américain à la lutte anti-drogue au Mexique et à l'Amérique centrale, adopté en 2008 sous l'administration Bush. Dans ce cadre, Washington a déjà versé début décembre 2008 un premier montant de 197 millions de dollars pour Mexico, et prévoit 700 millions en 2009.

Mme Clinton s'est engagée à reconnaître publiquement à chaque occasion de sa visite au Mexique les insuffisances américaines en matière de lutte anti-drogue.

"Notre demande insatiable de drogues alimente le trafic", a-t-elle souligné. "Notre incapacité à empêcher la contrebande d'armes à destination de ces criminels cause la mort de policiers, de militaires et de civils", a-t-elle insisté.

L'immigration, la compétitivité, la réunion du G-20 à Londres et le sommet des Amériques à Trinidad et Tobago, tous deux en avril, sont également à l'ordre du jour de la visite de Mme Clinton, qui rencontrera jeudi des universitaires et des chefs d'entreprises à Monterrey, la métropole industrielle du nord du Mexique.