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Nicolas Sarkozy est arrivé en RD Congo

Le président français Nicolas Sarkozy entame une tournée de deux jours en Afrique, qui le conduira successivement en RD Congo, au Congo-Brazzaville et au Niger. Le chef de l'État est arrivé ce jeudi matin à Kinshasa.

AFP - Le président Nicolas Sarkozy devra tenter jeudi à Kinshasa d'effacer les réactions d'hostilité après ses déclarations sur le partage nécessaire des richesses de l'immense République démocratique du Congo (RDC) avec son petit voisin, le Rwanda, en échange d'une paix régionale.


Le chef de l'Etat français entamera sa courte tournée africaine par une escale dans la capitale congolaise, où il doit rencontrer son homologue Joseph Kabila, puis s'exprimer devant le Parlement.


Le 16 janvier devant le corps diplomatique à Paris, le chef de l'Etat français avait évoqué "la place, la question de l'avenir du Rwanda", pays "à la démographie dynamique et à la superficie petite" et "la question de la RDC, pays à la superficie immense et à l'organisation étrange des richesses frontalières".


Il avait plaidé pour une "nouvelle approche" afin de régler "de façon globale" l'instabilité dans la région des Grands Lacs.


Ces déclarations abruptes avaient embrasé la presse congolaise, alimentant des chroniques enflammées sur "le projet de balkanisation" de l'ex-Zaïre, au profit de l'ennemi traditionnel rwandais.


"2009 sera l'année de toutes les surprises: le pavé de Sarkozy va enflammer les Grands Lacs au lieu de les apaiser", titrait ainsi le journal Le Phare (opposition), en s'interrogeant: "La paix contre les contrats (miniers) rwandais?".


La presse en avait même appelé au nouveau président américain Barak Obama.


"A l'inverse du +plan Sarkozy+, Obama refuse la balkanisation de la RDC", titrait Le Potentiel (centre).


En une, une caricature présentait les deux présidents près d'une carte de la RDC. Obama, habillé en shérif, revolver au point, menaçait un "Sarkozix" vêtu à la mode gauloise et proclamait : "Que celui qui s'oppose aux frontières de la RDC héritées des Belges le dise".


Le journal se référait aussi au discours le 13 janvier devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui proposait "d'aider les pays africains à préserver leurs ressources naturelles et à en percevoir une juste rémunération".


Les déclarations de M. Sarkozy avaient été d'autant plus mal vécues qu'elles intervenaient en pleine rébellion dans l'est du pays du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, activement soutenue par le Rwanda, qui a déjà mené deux guerres chez son voisin depuis 1996.


S'y ajoute le pillage systématique des minerais de RDC, vendus illégalement via le Rwanda et l'Ouganda, un trafic qui bénéficie notamment à une filière de commerçants tutsi rwandais, proche de Kigali.


Sous la pression, Paris a tenté de désamorcer la polémique.


Dans un entretien avec la presse kinoise, Sarkozy avait assuré le 16 février que la France n'avait aucune volonté de démembrer la RDC.


"Mais pourquoi me parlez-vous de démembrement? Qui a dit cela? Ai-je jamais dit une telle chose?", s'était-il défendu. Et d'ajouter: "La souveraineté de la RDC et l'intangibilité de ses frontières sont des principes sacrés".


"J'ai été choqué comme tous les Congolais ", a expliqué à l'AFP François Mwamba, secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC, opposition).


"Je prends bonne note, il a recadré les choses, il fait maintenant des suggestions dans le cadre de frontières intangibles. Mais les richesses de la RDC doivent bénéficier aux Congolais, ce pays a vocation à avoir bientôt 100 millions d'habitants".


Lundi, le journal Uhuru (pro-gouvernemental), annonçait en une la venue de Sarkozy, qui selon lui "tombe à point nommé pour lever les équivoques nées de la déclaration du 16 janvier".