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Incertitude sur la mort du chef d'Aqmi Abou Zeid dans le Nord-Mali

Le chef de file d'Aqmi, Abou Zeid, aurait été tué lors d’un raid aérien mené par l’armée française au Nord-Mali, selon plusieurs médias. Alger et Paris n’ont toujours pas confirmé. Des tests ADN sont en cours.

Il était l’un des chefs les plus influents et les plus cruels d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. L’émir Abdelhamid Abou Zeid aurait été tué le 23 février 2013 lors d’un raid aérien de l’armée française dans la région d’In Sensa, dans le massif montagneux de Tigharghar, au Nord du Mali, a annoncé jeudi la télévision privée algérienne Ennahar TV.  L'information a été confirmée au journal Le Monde par "une bonne source proche des opérations militaires en cours dans le nord du Mali".

Titrant "Mort de l'émir d'Aqmi Abou Zeid", le site en ligne d'Ennahar écrit que "les troupes françaises ont arrêté trois terroristes près de Tigharghar" au Nord-Mali et "selon des sources sécuritaires elles ont découvert (les corps) de 40 terroristes dont celui d'Abou Zeid" dans une fosse commune après le raid aérien.

Pour l’heure, les autorités françaises et algériennes n’ont pas confirmé l’information. Interrogée sur France 2, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a déclaré que cette information était "à prendre au conditionnel, nous n'avons pas de confirmation officielle".

"Nos force sont engagées dans des opérations qui sont extrêmement dures sur le terrain, qui sont des combats sans merci. Tout compte, y compris l'information, je crois qu'il faut être extrêmement prudent avec celles que l'on a, celles que l'on répercute. Pour l'instant ce n'est pas confirmé", a-t-elle poursuivi.

Selon les informations de la radio RFI, des prélèvements ADN seraient en cours d'analyse à Alger. La procédure, menée dans le plus grand secret, reposerait sur des recoupements avec l'ADN de plusieurs membres de la famille d'Abou Zeid, originaire de la province d'Illizi, près de la frontière libyenne.
 

Pour le MNLA , il s'agit d'une "certitude"

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dont les combattants épaulent les Forces spéciales françaises dans le désert dans le cadre de l’opération Serval, a quant à lui confirmé la mort d’Abou Zeid. "C’est une certitude, il est mort et enterré", ont ainsi affirmé à l’AFP des notables de la ville de Kidal. Selon leur témoignage, environ 45 combattants d’Aqmi et du groupe islamiste Ansar Dine auraient également été tués lors de ce raid. Le MNLA a ajouté que sept personnes auraient été faits prisonniers parmi les survivants du raid. Il s’agirait de quatre Maliens, un Algérien, un Mauritanien et un homme du Front Polisario.

Abdelhamid Abou Zeid, de son vrai nom Mohamed Ghdiri, est un Algérien d'une quarantaine d'années. Né en 1965 dans la région de Debdab dans la province algérienne d'Illizi proche de la frontière libyenne, Abou Zeïd avait rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) durant la guerre civile algérienne dans les années 1990.

Sa première apparition au sein d’Aqmi (ex-GSPC) remonte à 2003. Il était alors l’adjoint d'Abderazak El-Para, principal instigateur de l'enlèvement de trente-deux touristes européens dans le grand Sud algérien au cours de cette même année.

Instigateur de l'otage business

Plus sanguinaire que son compatriote Mokhtar Belmokhtar, cerveau de la prise d'otages en janvier dernier sur le site gazier d'In Amenas dans le Sahara algérien, il avait fait des otages son fond de commerce. C’est à lui que l’on attribue l'assassinat en 2009 de l'otage britannique Edwin Dyer et de la mort en juillet 2010 de l'otage français Michel Germaneau. Âgé de 78 ans, le retraité avait été enlevé le 19 avril 2010 au Niger, puis détenu au Mali.

Selon le Figaro, Abdelhamid Abou Zeid a encaissé "des dizaines de millions d'euros grâce aux rançons versées par les États occidentaux pour l'élargissement de leurs compatriotes". Grâce à cette manne financière, l’émir a pu s'équiper en armes et en munitions mais aussi recruter des volontaires et corrompre des notables locaux pour acheter leur complicité.

Des Français aux mains d'Abou Zeid

Après la prise de contrôle du Nord-Mali par des groupes d'islamistes en avril 2012, Abou Zeïd régnait sur Tombouctou, selon des habitants de la ville sainte. Il avait alors mis en place la charia avec la pratique de cruels sévices corporels comme les amputations mais aussi la destruction de nombreux mausolées. Lorsqu'il a fui Tombouctou, quelques jours avant la prise de la ville par les troupes françaises et maliennes le 12 février, Abou Zeid aurait emmené plusieurs otages occidentaux les yeux bandés, ont raconté des habitants.

Il s'agirait de Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret, tous employés d'Areva ou de la Satom enlevés en septembre 2010 à Arlit au Niger sur un site d'exploitation d'uraniun, précise le Figaro.

En décembre dernier, dans une très rare apparition vidéo, Abdelhamid Abou Zeid avait déclaré que la France était seule responsable de l’arrêt des négociations pour libérer les six otages français actuellement entre ses mains au Sahel. Dans cet enregistrement, l’émir avait précisé que malgré des appels du pied aux autorités françaises pour dialoguer, Paris restait silencieux depuis un an.