
Après avoir obtenu l'accord des travaillistes pour participer à son gouvernement, le Premier ministre israélien désigné, Benjamin Netanyahou, indique qu'il sera un "partenaire pour la paix" pour l'Autorité palestinienne.
Le Premier ministre israélien désigné et chef du Likoud, Benjamin Netanyahou, a répondu mercredi à ceux qui critiquaient son agenda politique, au lendemain d’un accord de coalition avec Ehud Barak, le chef du Parti travailliste et ministre sortant de la Défense.
"La paix n'est pas le dernier des objectifs. C'est un objectif commun et durable pour tous les Israéliens et tous les gouvernements israéliens, le mien y compris", a-t-il affirmé lors d'un discours à Jérusalem.
La remarque était principalement adressée au président américain Barak Obama, après qu’il a réaffirmé, mardi, sa détermination à obtenir la création d’un État palestinien et prévenu qu’il ne serait pas facile de trouver un compromis avec un gouvernement dominé par le Likoud, un parti connu pour son opposition à la création d’un tel État.
"Ce n'est pas plus simple que cela n'était, mais je pense que c'est tout aussi nécessaire", a déclaré le président Obama lors d’une conférence de presse.
Les délégués travaillistes ont approuvé, mardi, par 680 voix contre 507 l’accord de coalition signé le matin même par Ehud Barak et Benjamin Netanyahou.
Mais l’accord ne précise pas la position du futur gouvernement sur le processus de paix israélo-palestinien. Les deux partenaires se sont simplement entendus pour formuler un plan de paix et respecter tous les traités signés. Mais la mention de création de deux États indépendants est absente du texte de l’accord.
Le Parti travailliste peut-il nuancer les positions du Likoud ?
Grâce à cet accord, Benjamin Netanyahou “a obtenu le ministère de la Défense qu’il souhaitait pour faire face à la menace iranienne et le gouvernement d’union nationale dont il avait besoin pour montrer au reste du monde qu’il n’est pas le fanatique et belliqueux conservateur que l’on pense", analyse mercredi le quotidien conservateur "Jerusalem Post".
Les travaillistes ont rejoint les ultra-orthodoxes du parti Shass et les nationalistes du parti Israël Beiteinu ("Notre maison Israël"), obtenant ainsi une majorité de 66 sièges dans une Knesset qui en comptent 120.
En échange, les travaillistes ont obtenu cinq portefeuilles ministériels, dont ceux des Affaires sociales, de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie. Ehud Barak a également reçu l’assurance de conserver son poste de ministre de la Défense.
“Certains travaillistes pensent que, grâce à leur participation, ils seront en mesure de peser sur un gouvernement de droite,” explique Annette Young, correspondante de FRANCE 24 à Jérusalem.
Mercredi, Netanyahou était également susceptible d’engager des discussions avec d’autres partenaires potentiels du camp de la droite religieuse, les partis Yahadut HaTorah ("Judaïsme et Torah unis") et HaBayit HaYehudi ("la Maison juive").
Un Parti travailliste au bord de l’explosion
L’accord de coalition ne fait pas l’unanimité au sein du Parti travailliste. Après avoir longtemps dominé la vie politique israélienne, les travaillistes n’ont obtenu que 13 députés lors des élections législatives du 10 février dernier.
Les fidèles d’Ehud Barak considèrent que l’initiative prolonge la durée de vie du parti, explique Annette Young. Mais ses opposants l’ont hué et sifflé lors du congrès extraordinaire convoqué pour ratifier l’accord, mardi.
Ophir Pines-Paz, militant travailliste de longue date, a même accusé Ehud Barak de jeter le parti “dans la benne à ordures de l’Histoire”.
L’alliance fait de la ministre des Affaires étrangères sortante, Tzipi Livni, et de son parti centriste, Kadima, l’opposition officielle au Parlement et le héraut de la solution bipartite.
"Le prétendu accord sur la paix et les territoires palestiniens constituaient jusqu’à peu la justification de l’existence du Parti travailliste dans le maelström de la politique israélienne et de ses factions", note Daniel Gutwein, dans un éditorial publié par "Haaretz", mercredi. “Mais Ehud Barak a désormais rompu le plus petit dénominateur commun au sein du parti et son unité de vue avec Benjamin Netanyahou semble même dépasser l’entente sur les questions sociales et économiques qui lui était propre jusque là."