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Une semaine après le début de son second mandat, Barack Obama a émis le souhait de voir le système d'immigration des États-Unis rapidement reformé afin de permettre à 11 millions de personnes de "sortir de l'ombre" de la clandestinité.

Barack Obama a invité mardi le Congrès à réformer rapidement la législation sur
l'immigration, comme il s'y est engagé.

"Nous avons besoin que le Congrès adopte une approche exhaustive qui permette enfin de régulariser la situation de 11 millions d'immigrés sans papiers", a-t-il déclaré dans un discours prononcé à Las Vegas, un peu plus d'une semaine après le début de son second mandat.

Aux oubliettes depuis des années, la réforme de l'immigration a subitement semblé possible avec le revirement d'une partie du camp républicain, que l'électorat d'origine
latino-américaine a largement boudé lors des élections de novembre.

La veille du discours du président, un groupe de sénateurs républicains et démocrates avait dévoilé un vaste projet comparable aux propositions de la Maison blanche.

Si le Congrès n'agit pas rapidement, a averti mardi Barack Obama, la Maison blanche soumettra son propre projet de loi aux parlementaires.

A l'instar de la santé lors du premier, l'immigration pourrait être l'une des grandes réussites de son second mandat, mais le thème reste délicat et le projet devra être savamment dosé pour emporter l'adhesion des parlementaires.

Le choix du Nevada pour ce discours est significatif : la population de cet Etat de l'Ouest compte une proportion de plus en plus importante d'immigrés hispaniques 'latinos', communauté qui a voté à 70% pour Barack Obama lors de sa réélection le 6
novembre dernier.

Les républicains partagés

La présence de républicains parmi les huit sénateurs à l'origine du projet de réforme marque une évolution d'une partie des élus d'un camp toujours opposé en majorité à ce qui s'apparenterait à une "amnistie" des immigrés clandestins.

"Pour la première fois, le risque politique est plus élevé si l'on s'oppose à une réforme de l'immigration que si on la soutient", a expliqué Chuck Schumer, un sénateur démocrate lui aussi membre de ce groupe.

Le groupe compte ainsi dans ses rangs le républicain Marco Rubio. Le sénateur de Floride, fils d'immigrés cubains, soutenu par le mouvement ultraconservateur du Tea Party, est considéré à 41 ans comme un possible candidat républicain à l'élection
présidentielle de 2016.

Parmi les sénateurs républicains figure également John McCain, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2008, et sénateur de l'Arizona, Etat voisin du Mexique, dont la population compte 30% de latinos.

Le projet permettrait aux immigrés clandestins d'obtenir un statut provisoire qui les autoriserait à travailler aux Etats-Unis, même s'ils devraient toujours in fine poser leur
candidature à la nationalité américaine de manière classique.

Effets incertains sur la croissance

L'adoption du projet est très incertaine, notamment à la Chambre des représentants, où les élus républicains, majoritaires, restent très opposés à la réforme et ont déjà fait
échouer un texte proposé en 2007 par le président George W. Bush, pourtant issu de leur camp.

Le Congressional Budget Office, organe indépendant qui dépend du Congrès, avait alors jugé que la réforme rapporterait 48 milliards de dollars et ne coûterait que 23 milliards en terme d'aides sociales.

Même si les économistes divergent sur les effets précis de la réforme sur la croissance, une majorité juge qu'elle accroîtrait la demande et la productivité, qu'elle contribuerait à une baisse des prix et, à long terme, redresserait la natalité.

"De nombreuses entreprises américaines ne peuvent pas trouver les employés dont elles ont besoin pour traiter leurs commandes et augmenter leur production pour obéir aux besoins du marché", fait valoir Alex Nowrasteh, spécialiste de l'immigration au Cato Institute, un cercle de réflexion économiquement libéral.

Selon George Magnus, économiste auprès de la banque UBS, l'immigration aux Etats-Unis devrait doubler pour que la part active de la population se maintienne à 67%, son niveau actuel.

REUTERS