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RéessayerQuelques heures après la fusillade visant une célébration de la fête juive de Hanouka sur la célèbre plage de Bondi Beach à Sydney, dimanche 14 décembre, le Premier ministre israélien s’est empressé de mettre en accusation le gouvernement australien.
"L'antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants restent silencieux et n'agissent pas", a fustigé Benjamin Netanyahu lors d'un discours télévisé, ajoutant qu’il avait écrit il y a trois mois à son homologue australien, Anthony Albanese, pour lui dire que "votre politique jetait de l'huile sur le feu de l'antisémitisme", suite à sa décision de reconnaitre l’État de Palestine en même temps que la France et le Royaume-Uni en septembre.
Le président israélien, Isaac Herzog, tout comme le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, ont aussi pointé du doigt "les conséquences de la vague d'antisémitisme qui a déferlé dans les rues d'Australie ces deux dernières années".
Toujours dans la surenchère, le ministre suprémaciste Itamar Ben Gvir a estimé que "le sang des victimes est sur les mains du gouvernement australien, qui a annoncé la reconnaissance d'un État 'palestinien' et a légitimé le terrorisme contre les Juifs".
Le gouvernement australien mobilisé contre l’antisémitisme
Le Premier ministre australien n’a pas répondu directement à ces accusations. Dénonçant "une attaque ciblée contre les juifs australiens" et "un acte d'antisémitisme maléfique", son gouvernement a décrété ce lundi une journée de deuil national.
Anthony Albanese a cependant assuré les dirigeants israéliens de sa volonté d'"éradiquer ce mal" et d'"aider nos compatriotes juifs pendant cette période sombre pour notre nation". Le dirigeant travailliste, au pouvoir depuis 2022, a également rappelé que son gouvernement s’est engagé en juillet à mettre en œuvre un plan d’action qui comprend la criminalisation des discours de haine, l’interdiction des saluts nazis ou la mise en place d’un médiateur dans les universités, doté de pouvoirs d'enquête.

Ces mesures lui ont été suggérées par Jillian Segal, l’envoyée spéciale du gouvernement pour lutter contre l'antisémitisme qu’il avait nommée en juillet 2024 pour répondre à la vague d’actes antisémites qui a suivi le déclenchement de la guerre à Gaza en octobre 2023.
Cette avocate australienne d’origine sud-africaine avait signalé, ces derniers mois, avoir vu des voitures et des synagogues incendiées, des juifs harcelés et agressés. "C'est tout à fait inacceptable. (...) Les Australiens juifs se sentent très en insécurité", avait-elle souligné.
Ce lundi, réagissant à l’attaque de Bondi Beach, elle a répété que l’antisémitisme "s'infiltre dans la société depuis de nombreuses années et que nous ne nous sommes pas suffisamment opposés à lui", mais que la fusillade était "une attaque contre l'Australie, et pas seulement contre la communauté juive".
Des diplomates iraniens expulsés
Depuis deux ans, l’Australie, qui compte la plus forte concentration de survivants de la Shoah au monde après Israël, a connu une série d'attaques inédites contre des lieux juifs dont l’incendie d’un café casher dans le quartier de Bondi, à Sydney, en octobre 2024, et celui de la synagogue Adass Israel de Melbourne, en décembre de la même année.
En réponse, le gouvernement australien a expulsé l’ambassadeur d’Iran et trois autres diplomates iraniens en août 2025. Après une enquête de ses services de renseignement, il avait conclu que les Gardiens de la révolution étaient les commanditaires de ces deux attaques,
L’Australie a depuis placé le bras armé de l’État iranien sur sa liste des entités responsables de terrorisme.
L’exportation du conflit israélo-palestinien jusqu’en Australie
Dans son rapport de juillet 2025, l’envoyée spéciale du gouvernement pour lutter contre l’antisémitisme estimait que la multiplication d’actes antisémites dans un pays qui n’en connaissait que très peu jusqu’alors "est due au conflit au Moyen-Orient, à la manipulation des récits dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux, ainsi qu'à la propagation d'idéologies extrémistes. Des mythes anciens et des informations erronées ont refait surface sous de nouvelles formes pour justifier la violence et les menaces à l'encontre de la communauté juive australienne".
Dans le quotidien israélien Haaretz, Jess Bricker, une jeune israélienne d’origine australienne, se dit "très triste et effrayée pour [sa] communauté". Militante au sein du mouvement judéo-arabe Standing Together, opposé à la guerre à Gaza et à la colonisation israélienne de la Cisjordanie, elle dénonce l’instrumentalisation par la droite israélienne du "traumatisme et de la peur ressentis par la communauté juive".
Elle dénonce la politique du gouvernement israélien qui "met en place des politiques discriminatoires à l'égard des autres [les Palestiniens, NDLR], alors que peu de mesures concrètes seront prises pour assurer la sécurité des Juifs en Australie et ailleurs".
Avec AFP
