Vingt-quatre nations en lice mais une seule couronne de roi d'Afrique. Qui pour succéder à la Côte d’Ivoire, sacrée en 2024 chez elle ? Alors que la CAN 2025 débute dimanche 21 décembre à Rabat, au Maroc, France 24 analyse les forces en présence dans la compétition, qui s'annonce plus ouverte que jamais.

Voici les favoris, les outsiders et les équipes à surveiller pour la 35^e édition de la Coupe d'Afrique.

Les favoris de la CAN 2025

Le Maroc sous pression à domicile

Les Lions de l'Atlas sont tout simplement les ultrafavoris de la compétition. Première équipe africaine au classement mondial de la Fifa (12^e), première équipe du continent à avoir atteint les demi-finales d'une Coupe du monde, le Maroc peut maintenant se targuer d'une série de 18 victoires consécutives, record absolu de l'histoire du football. Le sélectionneur Walid Regragui sait que tout autre résultat que la victoire finale serait une déconvenue. Pour y parvenir, il dispose d'une vraie armada : Achraf Hakimi, Brahim Diaz, Sofyan Amrabat, Yassine Bounou, Eliesse Ben Seghir… N'en jetez plus ! Il pourrait composer deux onze compétitifs avec son réservoir.

Cependant, le Maroc devra apprendre à résister à la pression qui va avec le statut de favori et pays hôte. Avant que la Côte d'Ivoire ne remporte la CAN sur son sol en 2024, aucun pays organisateur n'était parvenu à en faire autant depuis l'Égypte en 2006.

Enfin, les fans de football aiment taquiner les supporters marocains en leur rappelant qu'ils n'ont plus dépassé les quarts de finale depuis 2004. Et que leur seul sacre remonte à 1976. Parfois, nul n'est prophète en son continent.

Le Sénégal : la der d'une génération

Le Sénégal sera un sérieux prétendant à la victoire finale. Après avoir enfin décroché leur première étoile en 2022 au terme d’une très longue attente et deux finales perdues (2000 et 2019), les Lions de la Teranga sont impatients. Pas question de languir aussi longtemps pour la deuxième.

Après une élimination prématurée en Côte d'Ivoire en 2024 face au futur vainqueur, le Sénégal n'a pas périclité, bien au contraire. Le sélectionneur Aliou Cissé, artisan du premier titre, est parti, mais son successeur Pape Thiaw a construit dans la continuité. Autour des expérimentés cadres Sadio Mané, Kalidou Koulibaly et Idrissa Gueye, les Lions de la Teranga comptent désormais sur une nouvelle génération pour épauler leurs glorieux aînés. Le mélange a pris et les Lions de la Teranga ont survolé les éliminatoires de la CAN et du Mondial ; ils sont désormais 18^es au classement Fifa, deuxième nation du continent.

La Côte d'Ivoire : lourde est la couronne

Depuis que la CAN existe, seules trois sélections ont réussi à conserver leur titre. Le Ghana (1963, 1965) et le Cameroun (2000, 2002) ont réalisé cet exploit. L'Égypte l'a pour sa part réalisé trois fois : d'abord en 1957 et 1959, puis à deux reprises lors de son triplé historique 2006-2008-2010.

C'est pourtant ce qu'ambitionne de faire la Côte d'Ivoire. Sacrée chez eux après un parcours aussi chaotique qu'héroïque, les Ivoiriens ne veulent pas rendre le trophée sans combattre. Et si une part d'irrationnel avait présidé à leur titre à domicile, Émerse Faé a mis à profit les deux ans entre les deux éditions pour bâtir un monstre de régularité. Les Éléphants ont même écrasé leur groupe des éliminatoires du Mondial 2026 sans concéder le moindre but. Le sélectionneur est loin de s'être reposé sur ses lauriers, l'effectif a largement été remanié depuis la dernière CAN. Seuls 13 champions d’Afrique font partie de l’effectif pour la CAN 2025.

Les outsiders de la CAN 2025

La RD Congo, une puissance montante

Étonnante quatrième de la dernière édition en 2024, la République démocratique du Congo arrive avec un tout nouveau statut au Maroc. Le sélectionneur français, Sébastien Desabre, a bâti sur ce résultat, faisant de nouveau du pays un géant africain. Les Léopards viennent de battre coup sur coup le Cameroun et le Nigeria lors du tournoi de barrages africains pour le Mondial 2026.

Pour la CAN, Sébastien Desabre a misé sur un groupe similaire à celui du tournoi de novembre. Il compte sur l'expérience des Cédric Bakambu, Chancel Mbemba ou encore Fiston Mayele pour guider son groupe. La RD Congo a prouvé que son bloc savait souffrir pour prendre le dessus à n'importe quel moment. Le reste du continent est prévenu.

L'Afrique du Sud, un retour au premier plan ?

Sensation de la CAN 2024, elle avait fini à la troisième place sur le podium, devant la RD Congo. L'Afrique du Sud arrive au Maroc avec l'ambition de confirmer son retour au premier plan. Toujours dirigés par Hugo Broos, les Bafana Bafana ont démontré que leur parcours n'avait rien d'un accident en décrochant leur billet pour le Mondial 2026.

Le sélectionneur belge, champion d'Afrique en 2017 avec le Cameroun, s'appuie sur un vivier de joueurs évoluant dans les clubs sud-africains, et notamment aux Orlando Pirates et au Mamelodi Sundowns. Ce qui fait de l'Afrique du Sud une machine collective bien huilée. Et, quand cela ne suffit pas, le brillant gardien Ronwen Williams est toujours là pour sauver la mise.

L'Égypte : Salah enfin roi d'Afrique ?

Sept fois champions d’Afrique – un record –, les Pharaons ne sont jamais une équipe qu’on raye de la liste des potentiels vainqueurs. Sous Hossam Hassan, triple vainqueur de la compétition en tant que joueur, l’Égypte n’a pas renié ses recettes : une discipline tactique légendaire, une équipe bâtie sur les talents locaux, une efficacité redoutable…

À 33 ans, la superstar Mohamed Salah dispute ici l’un de ses derniers tournois internationaux. Et il n’a toujours rien gagné avec les Pharaons. Une anomalie qu’il espère voir réparée. Il pourra compter sur la génération montante, Omar Marmoush et Mostafa Mohamed, pour l’épauler.

Les équipes à suivre de près

L'Algérie de retour ?

Depuis son deuxième titre en 2019, l'Algérie enchaîne les déconvenues en Coupe d'Afrique. En 2022, elle avait terminé dernière de son groupe après une défaite contre la Guinée équatoriale. À la CAN 2024, rebelote ! Avec notamment cette fois un match nul contre le Burkina Faso.

Djamel Belmadi, symbole du succès, mais aussi des traumatismes de ces années, a été limogé en 2024. La fédération mise sur Vladimir Petkovic, le technicien serbo-suisse auréolé à la tête de la sélection helvète, pour enclencher le renouvellement. Si la génération 2019 n’a pas totalement raccroché les crampons, la nouvelle génération émerge doucement. Mais sera-t-elle prête pour disputer une compétition en terrain hostile ?

Un Nigeria à deux visages

Le Nigeria est une des équipes les plus fascinantes du continent. À la fois détenteur du record de podiums (16) et de finales perdues (cinq). Les Super Eagles semblent branchés sur courant alternatif depuis plusieurs années. Arrivés mal en point à la CAN 2024, ils ont pourtant tracé leur chemin jusqu’à la finale. Mal embarqués dans les éliminatoires du Mondial 2026, ils sont parvenus à redresser la tête pour accrocher les barrages, avant de s’y effondrer complètement.

Avec 235 millions d’habitants, le pays dispose d’un énorme réservoir de talents, à commencer par Victor Osimhen et Ademola Lookman, tous deux Ballons d’Or africains, respectivement en 2023 et 2024. C’est le secteur de la défense qui cause le plus de maux de tête au sélectionneur Éric Chelle, surtout depuis la retraite du capitaine William Troost-Ekong. Alors quel visage pour le Nigeria cette année ?

La Tunisie : des Aigles chez eux au Maroc ?

Avec seize participations consécutives (record en cours) et un sacre à la CAN en 2004, la Tunisie fait partie des sélections qui comptent sur le continent. Cependant, les Aigles de Carthage peinent à rejoindre les sommets, se heurtant régulièrement à un plafond de verre. Sous la houlette d'un nouveau sélectionneur, Sami Trabelsi, en poste depuis février dernier, l'équipe a affiché une solidité défensive impressionnante, en n'encaissant aucun but lors de la campagne de qualification à la Coupe du monde 2026.

Cette force défensive, souvent sa marque de fabrique, conjuguée à une intégration progressive de jeunes talents binationaux, fait aujourd’hui de la Tunisie une équipe difficile à manœuvrer. Point bonus : les Tunisiens risquent d’être chez eux chez leurs frères maghrébins. De quoi ajouter un surplus de motivation à l’équipe.