Le président irakien Jalal Talabani, qui reçevait à Bagdad son homologue turc Abdullah Gül pour une visite historique, a appelé les séparatistes kurdes du PKK à "déposer les armes ou quitter l'Irak".
AFP - Le président irakien Jalal Talabani a lancé lundi un ultimatum aux séparatistes kurdes du PKK, leur ordonnant de déposer les armes ou de quitter l'Irak lors d'une visite historique à Bagdad de son homologue turc Abdullah Gül.
"Le PKK a deux choix: déposer les armes ou quitter l'Irak", a déclaré M. Talabani.
"Il faut que le PKK se lance dans la vie politique et parlementaire au lieu de se servir de ses armes car l'utilisation des armes fait du tort aux Kurdes et aux Irakiens", a estimé le président irakien, lui-même kurde.
"La Constitution irakienne interdit les groupes armés, le PKK comme les autres, et actuellement nous travaillons avec cet objectif par le biais du comité tripartite" turco-américano-irakien, a ajouté le chef de l'Etat irakien.
L'Irak, les Etats-Unis et la Turquie avaient créé en novembre 2008 un comité conjoint pour combattre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur le territoire irakien à proximité de la frontière avec la Turquie.
"Il y a une nouvelle réalité, c'est que les terroristes sont dans le nord de l'Irak. Il est temps d'en finir avec ces problèmes parce qu'ils entravent les relations entre nos deux pays", a déclaré Abdullah Gül.
"Il faut des actions communes et totales pour éliminer le terrorisme", a martelé M. Gül, soulignant qu'à ses yeux la responsabilité en incombait aux "responsables des régions où sont implantés ces terroristes", soit les autorités du Kurdistan irakien.
Joint par téléphone, le chargé des relations extérieures du PKK, Ahmed Deniss, a fustigé la visite du président turc qui vise à "liquider le PKK".
"La Turquie et les Etats-Unis ont un plan pour désarmer le PKK et le liquider. Ils veulent aussi obtenir la complicité du gouvernement kurde irakien", a dit M. Deniss.
Interrogé sur l'ultimatum de Jalal Talabani, le responsable du PKK a indiqué n'avoir "rien à ajouter" aux déclarations de son leader, Abdullah Ocalan, qui aurait annoncé en guise de boutade, selon M. Deniss, être prêt à déposer les armes si les Kurdes irakiens remettaient les leurs aux Américains.
Ankara accuse les Kurdes irakiens, qui jouissent d'un statut d'autonomie vis-à-vis de Bagdad, de tolérer, voire d'aider le PKK. Mais les relations bilatérales se sont améliorées récemment, et les autorités kurdes d'Irak ont manifesté la volonté d'aider la Turquie à lutter contre le PKK.
Des centaines de militants du PKK sont installés dans les montagnes du Kurdistan irakien, d'où ils font des incursions en territoire turc. L'aviation turque mène régulièrement des raids contre ces bases.
La semaine dernière, le président irakien avait indiqué que des partis kurdes d'Irak, de Syrie, d'Iran, de Turquie et d'Europe appelleraient le PKK à cesser la lutte armée.
Le PKK a commencé sa guerilla en 1984 dans le sud-est de la Turquie, pour obtenir l'indépendance et le conflit a fait environ 44.000 morts.
Abdullah Gül était arrivé dans la journée à Bagdad pour la première visite d'un chef de l'Etat turc en Irak depuis 1976. Il doit repartir mardi.
Il a été accueilli par M. Talabani dans sa résidence à Bagdad et geste rare, les responsables turcs et kurdes se sont donnés l'accolade et embrassés.
Les deux hommes avaient prévu de discuter du PKK, de la question de l'eau et des relations économiques.
La construction par les autorités turques de barrages sur le Tigre et l'Euphrate réduisent considérablement leur débit en Irak.
Les responsables turcs et irakiens ont évoqué le quadruplement des échanges commerciaux qui se montent actuellement à 5 milliards de dollars.