Alors que les combats font rage en Syrie, les responsables de la Coalition nationale syrienne (CNS) ont renouvelé leur proposition, samedi, à Istanbul, visant à former un nouveau gouvernement de transition.
Les dirigeants de l'opposition syrienne ont tenté pour la seconde fois, samedi à Istanbul, de former un gouvernement de transition, alors que le pays s'enfonce toujours davantage dans la guerre civile.
Un accord de la Coalition nationale syrienne (CNS), regroupement de l'opposition dominé par les Frères musulmans et leurs alliés, pourrait permettre de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur les risques de désintégration de la Syrie en cas de chute du président Bachar al-Assad.
Fondée le 11 novembre à Doha, la CNS est reconnue comme unique représentante légitime du peuple syrien par la France, la Grande-Bretagne, la Turquie et les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CGC). Mais les luttes de pouvoir qui ont rapidement émergé en son sein ont fait échouer la formation d'un gouvernement de transition.
Kamal al-Labouani, membre éminent et l'un des rares libéraux de la CNS, a déclaré samedi que l'opposition avait besoin de nommer un Premier ministre pour préserver sa crédibilité comme alternative démocratique à quatre décennies de règne de la famille Assad.
"La coalition est un organe législatif et nous avons besoin d'un exécutif. Il y a eu beaucoup d'erreurs et les gens que nous sommes censés représenter à l'intérieur se sentent marginalisés", a-t-il déclaré.
La montée en puissance ces derniers mois des rebelles djihadistes comme force dominante de l'opposition armée et la possibilité d'une réaction négative des sunnites, majoritaires en Syrie, envers la minorité alaouite à laquelle appartient le clan Assad inquiètent la communauté internationale.
Débats
Le conflit en Syrie a d'ores et déjà fait plus de 60 000 morts, selon les Nations unies, et la situation ne cesse de s'aggraver sur le terrain. Mardi, les forces armées de Bachar al-Assad ont massacré plus d'une centaine d'hommes, de femmes et d'enfants sunnites après avoir envahi un quartier de Homs détenu par les rebelles, selon des activistes de l'opposition.
Au même moment, une attaque a tué 82 étudiants de l'université d'Alep dans une double explosion dont le gouvernement et les rebelles se rejettent la responsabilité.
Alors que les chances d'aboutir à un accord prévoyant le départ de Bachar al-Assad s'amenuisent, la nomination d'un Premier ministre de l'opposition devrait être accueillie
positivement par les rebelles, qui marquent des points sur le terrain.
La nomination d'un gouvernement de transition faisait déjà partie de l'accord initial qui a donné lieu à la formation de la CNS l'an dernier.
Mais certains membres de l'opposition considèrent cette option avec beaucoup de méfiance. Ils redoutent que les puissances occidentales n'influencent la formation d'un
gouvernement pour qu'il négocie ensuite avec Bachar al-Assad, selon plusieurs sources au sein de l'opposition.
Les Frères musulmans, seule force politique organisée au sein de l'opposition, est ainsi majoritairement opposée à la formation d'un gouvernement, selon ces mêmes sources.
Tentant de les rassurer, Kamal al-Labouani a déclaré qu'un gouvernement de transition ne négocierait pas d'accord sans poser comme pré-condition le départ de Bachar al-Assad.
Il a ajouté qu'il nommerait l'ancien Premier ministre syrien Riad Hijab, qui a fait défection le 5 août pour se réfugier en Jordanie.
"Hijab est qualifié et est maintenant au service de la révolution. Nous avons déjà des centaines de déserteurs au sein de l'Armée syrienne libre", a-t-il dit.
Un autre candidat possible est Asaad Moustafa, qui a quitté la Syrie après avoir été ministre de l'Agriculture sous la présidence d'Hafez el Assad.
Abdoul Ahad Astephoa, l'un des rares chrétiens membres de la CNS, estime pour sa part qu'il y a de plus graves problèmes à résoudre dans l'immédiat. "On nous a déjà promis à plusieurs reprises que nous recevrons l'aide internationale une fois que nous serons unis. Très peu de choses sont arrivées et la communauté internationale n'est malheureusement pas prête à en finir avec le régime d'Assad", a-t-il déclaré.
"Si nous formons un gouvernement nous devons nous assurer d'abord qu'il sera reconnu internationalement, qu'il aura suffisamment de financements, et qu'il sera capable d'intervenir dans les zones libérées de Syrie", a-t-il ajouté.
Violents combats à la frontière turque
Sur le front, de violents combats entre rebelles et Kurdes dans la localité syrienne de Rass al-Aïn à la frontière turque, ont fait 33 morts en 48 heures, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane, a précisé à l'AFP que 28 rebelles avaient péri, ainsi que cinq combattants de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie).
Parmi les combattants rebelles, de nombreux bataillons islamistes participent à ces combats, a-t-il encore ajouté.
Les rebelles accusent le PYD de faire le jeu du régime de Bachar al-Assad, dont les troupes se sont retirées sans résistance de plusieurs régions kurdes.
Pour mettre un terme aux combats, le Conseil national kurde, qui regroupe une douzaine de partis traditionnels kurdes syriens et le CPKO, une émanation du PYD, en a appelé à l'opposition syrienne, dans un communiqué.
"Nous appelons la Coalition, le Conseil national syrien et l'Armée syrienne libre à faire pression sur ces combattants pour mettre fin à cette guerre criminelle qui entache les principes et les objectifs de la révolution", a-t-il affirmé.
Toujours dans le nord du pays, cinq membres d'une même famille, dont trois enfants de six mois, cinq ans et 13 ans, ont péri dans un raid aérien sur la province de Raqa. L'OSDH a précisé que cette famille originaire du Nord-Ouest ravagé par les bombardements s'était réfugiée à Raqa pour fuir les violences.
Depuis le début du conflit en mars 2011, plus de 60 000 personnes ont péri en Syrie, selon l'ONU.
FRANCE 24 avec dépêches