Le controversé Kim Dotcom s’apprête à lancer, samedi 19 janvier, Mega, son nouveau service de partage de fichiers censé prendre le relai de Megaupload, le célèbre site de téléchargement qui avait été fermé par le FBI il y a un an jour pour jour.
L’heure de la revanche a sonné. Kim Dotcom, le sulfureux créateur de l'ex-site de téléchargement (souvent illégal) Megaupload, fait son grand retour. L’entrepreneur d’origine allemande avait en effet promis lors de la fermeture par le FBI de son site qu’il le ferait renaître de ses cendres. Un an plus tard jour pour jour, Kim Dotcom, actuellement exilé en Nouvelle-Zélande, s’apprête à tenir parole : son nouveau Mega doit voir le jour samedi 19 janvier.
Dans quelques heures “le gouvernement américain aura échoué et l’innovation aura gagné”, écrivait jeudi 17 janvier Kim Dotcom sur Twitter pour promouvoir sa nouvelle grand œuvre. Il a même organisé une conférence de presse pour ce lancement depuis chez lui, où il se bat en parallèle contre une procédure d’extradition vers les États-Unis.
Cet enfant terrible du Net n’a donc pas intérêt à rater son rendez-vous. Tout est déjà en place pour le Jour J. Le site de Mega affiche un gros bouton qui doit permettre de s’inscrire à ce nouveau service. Pour l’heure, l’internaute peut y lire “le 19 janvier ce bouton va changer le monde”. Tout aussi provocateur et dans l’exagération, le blog personnel de Kim Dotcom se résume peu ou prou à un gigantesque compte à rebours avant le lancement du nouveau site.
Le cryptage, c’est la clef
Si tous les détails de Mega ne sont pas encore connus, Kim Dotcom en a déjà largement dévoilé les grandes lignes. Son nouveau service reprendra à peu près l’histoire de Megaupload là où l’intervention des autorités américaines l’avait interrompue. Les internautes pourront donc l’utiliser pour échanger des fichiers, qu’il s’agisse de textes, de vidéos ou de son. Nul doute donc que le nouveau site devrait permettre de télécharger illégalement des films, séries et de la musique.
Mais comme un Kim Dotcom échaudé en vaut deux... cette fois-ci, le sauvageon du téléchargement a pris ses précautions. Afin d’éviter la débâcle Megaupload, chaque fichier déposé sur le site sera automatiquement chiffré. L’utilisateur qui téléchargera, recevra en retour une clef pour décrypter le document. En d’autres termes, il sera impossible (ou presque) de savoir ce qui se cache derrière les fichiers présents sur le site. En cas de problèmes avec la justice, Kim Dotcom et ses acolytes pourront ainsi en toute bonne foi affirmer qu’ils ne savent pas si des films ou des chansons piratés transitent par leurs serveurs.
Sans compter que les autorités, qui voudraient en savoir plus sur ce qui se trame sur Mega, devront se transformer en véritables pirates informatiques. Il leur faudra non seulement intercepter les communications électroniques entre les internautes pour récupérer le fichier suspect, mais aussi utiliser des programmes spéciaux permettant de casser ce cryptage, similaire à celui utilisé pour sécuriser les connexions wi-fi.
Si le lancement de Mega fait tant de bruit, c’est que l’offensive contre son prédécesseur avait été saluée par les grands majors du disque et du cinéma, comme une victoire capitale contre le téléchargement illégal. À lui seul, Megaupload générait environ 4% du trafic internet mondial et comptait 180 millions d’abonnés. Sa fermeture et la saisie par les autorités américaines de tous les fichiers qui existaient sur ses serveurs avaient porté un coup rude au téléchargement direct, l’une des méthodes les plus populaires pour récupérer illégalement des films et chansons.
Excuses du Premier ministre néo-zélandais
La justice américaine avait, ensuite, été prompte à publier le dossier d’accusation qui avait permis d’obtenir le démantèlement de l’empire de Kim Dotcom. Les enquêteurs y qualifient le groupe de “conspiration criminelle internationale” dirigée par des hommes parfaitement au courant du caractère illégal de leurs activités.
Mais les nombreux démêlés de Kim Dotcom avec la justice néo-zélandaise ont également largement contribué à construire la légende de l’homme seul face au système. Arrêté en janvier 2012 puis relâché sous caution le mois suivant, Kim Dotcom a, ensuite, réussi à arracher des excuses publiques au Premier ministre néo-zélandais John Key en septembre 2012. La justice avait en effet découvert que des écoutes illégales avaient été menées pour monter le dossier d’accusation à son encontre.
Une mauvaise nouvelle pour les États-Unis qui attendent toujours d’obtenir son extradition. La justice néo-zélandaise était censée rendre sa décision avant fin 2012... Mais au regard des irrégularités dans l’enquête, elle a décidé de reporter l’audience à mars 2013.
D’ici là, et sauf coup de théâtre de dernière minute, Mega aura pris le relais de Megaupload permettant à Kim Dotcom de remettre le compteur à zéro dans sa bataille contre les autorités américaines.