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Trois ans après le séisme, 360 000 sinistrés sont toujours privés de toit

Le 12 janvier 2010, Haïti était secoué par un violent séisme. Depuis, peu de choses ont changé. Des centaines de milliers de victimes sont toujours entassées dans des camps de fortune et vivent dans des conditions très précaires.

Trois ans après le séisme qui a dévasté Haïti, 360.000 personnes vivent encore sous des bâches: parmi elles, les  habitants des camps de "Marassa", situés au nord-est de Port-au-Prince, qui se sentent abandonnés de tous.

Environ 750 familles, soit 5.000 personnes, coexistent dans ces abris de fortune des trois camps de "Marassa" 9, 10 et 14, sous la menace permanente d'une grosse rivière qui traverse le quartier.

"Nous sommes sans secours. Nous sommes oubliés des autorités. Ce 12 janvier marquera l'anniversaire de trois années de souffrance, de misère et de mépris", confie Wisly Décimus, un professeur qui a laissé tomber la craie faute de moyens pour les élèves de fréquenter son école aménagée sous une tente.

"Nous sommes obligés de vivre ici, mais c'est le pire endroit pour élever des enfants. De nombreux viols sont perpétrés sous les tentes, la prostitution juvénile se pratique dans les camps. Nous vivons mal", raconte Danielle Orniamise.

Cette mère de cinq enfants tient une petite boutique de friandises qui sert aussi de poste de recharge pour téléphone cellulaire à l'entrée du camp. Elle ne voit pas de solution de sortie de crise, trois ans après le séisme qui a fait 1,5 million de déplacés et tué près de 250.000 Haïtiens.

"Nous sommes abandonnés des autorités de notre pays qui font des promesses sans lendemain. Seules des ONG nous viennent parfois en aide. Alors ce qu'il nous reste à faire, c'est manifester notre indignation", promettent un groupe de résidents.

"Le 14 janvier, nous allons nous tenir au bord de la route pour attirer l'attention de l'Etat sur notre situation. Mais ce sera une manifestation pacifique", précise le professeur d'école au chômage.    

 "Si rien n'est fait, nous prendrons la rue, un jour"                           

Dans les ruelles en terre battue, des enfants en guenilles traînent à l'heure où ils devraient être à l'école.

Quelques hommes jouent aux dominos tandis que des jeunes garçons assis sur un tas de gravas regardent passer le temps. Mais une sourde colère gronde sous les tentes.

"Nous avons connu trois cyclones et toutes les misères dans ce camp", dit Magaline Richard, arrivée sur le terrain encore vide le 19 janvier 2010, une semaine après le terrible tremblement de terre qui a tué son mari.

Pour protéger ses filles des viols, Magaline assume la fonction de responsable de la sécurité au sein d'un comité qui tente de gérer la frustration, mais aussi la misère des gens.

"Vous ne pouvez pas imaginer comment nous vivons ici. Il y a des choses qu'on ne raconte pas. Dire la misère et voir... ce sont deux choses différentes", dit Adonik Osse qui fait office de photographe de famille lors des baptêmes et des mariages.

"Les véhicules passent et repassent à quelques mètres de nous. Personne ne nous voit", se plaint Jacky Narcisse. "Mais, si rien n'est fait nous prendrons la rue, un jour".

"Dire que nous avons reçu la visite d'Olivier, le fils aîné du président Michel Martelly! Il est venu et m'a filmé avec une caméra et rien n'a changé", tempête Magaline.

Elle en appelle à "la conscience morale" des dirigeants pour être relogés dans des conditions humaines.

"Avant de venir ici, nous étions des citoyens à part entière. Nous payions des taxes comme les autres, mais la nature nous a affaiblis. Aujourd'hui nous sommes à terre, mais un jour nous nous relèverons", dit sur un ton de discours, Jean Evald un autre résident du camp.
              

AFP

Tags: Séisme, Haïti,