Pourtant d'ordinaire ouverte au dialogue avec l'homme fort de Damas, l'opposition syrienne tolérée par le régime a rejeté lundi le plan de sortie de crise proposé par Bachar al-Assad. Pékin et Moscou n'ont fait aucun commentaire.
Jusque-là ouverte au dialogue avec Bachar al-Assad, et proche de Moscou, l'opposition syrienne tolérée par le régime a rejeté lundi 7 janvier le plan de sortie de crise proposé la veille par le leader syrien. Elle rejoint ainsi la position de la Coalition nationale syrienne qui refuse tout dialogue avec le régime avant le départ de l'homme fort de Damas.
Réagissant avec une force inhabituelle au discours du chef de l'Etat la veille, Hassan
itAbdel Azim, qui dirige le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), a annoncélors d'une conférence de presse à Damas qu'il ne participerait "pas au dialogue national avant l'arrêt des violences, la libération des détenus, la garantie que l'aide humanitaire peut parvenir aux régions touchées et que des éclaircissements soient apportés sur le sort des disparus".
Cette coalition, qui partage les positions de Moscou et de Pékin depuis le début du conflit qui a fait 60 000 morts selon l'ONU, a souligné que "toute négociation, et pas seulement le dialogue, doit se faire sous l'égide de l'envoyé de la Ligue arabe et de l'ONU [Lakhdar Brahimi]". "Il n'y aura pas de négociation ou de dialogue directs entre nous et le régime", ont souligné ces opposants.
Accusé d'être à la solde du pouvoir par l'opposition en exil, le CCCND a estimé que "l'étape du dialogue politique et de la solution politique est passée (...)".
Raja al-Nasser, secrétaire du bureau exécutif du CCCND, a toutefois précisé que sa formation "était et reste pour une solution politique". "Mais ce que M. Assad a proposé dans son discours, ce n'est pas une solution politique répondant aux attentes réelles", a-t-il poursuivi dénonçant "un discours de guerre".
Moscou et Pékin gardent le silence
Pour l'heure, seul l'Iran a accueilli le plan de Bachar al-Assad de façon favorable. Les deux autres grands alliés de la Syrie, la Russie et la Chine, n'ont fait aucun commentaire. La Russie a estimé fin décembre qu'une solution politique était encore envisageable en Syrie, mais averti qu'il était impossible de persuader Bachar al-Assad de quitter le pouvoir.
Dans sa première allocution publique en sept mois, Bachar al-Assad a proposé une "solution politique" incluant son maintien au pouvoir. Il a de nouveau affirmé que son armée défendait le pays face à des "terroristes", se refusant à reconnaître les revendications des rebelles. Présentant pour la première fois une feuille de route détaillée, le chef d'Etat contesté a proposé un plan prévoyant la fin des opérations militaires, suivies par un dialogue national sous l'égide du "gouvernement actuel".
Une initiative vivement critiquée par l'opposition, mais aussi par la communauté internationale. Après les réactions outrées de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et des Etats-Unis, la France a dénoncé "le déni de réalité" du dirigeant syrien et demandé une nouvelle fois son départ.
En dépit des critiques, le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi a annoncé une prochaine réunion du gouvernement pour mettre en œuvre le plan de sortie de crise de Bachar al-Assad, selon l'agence officielle Sana.