Depuis quelques mois, les Québécois découvrent avec effarement l'emprise de la mafia sur des pans entiers de l'économie : corruption, racket, pots de vin… Le secteur du BTP est particulièrement touché et plusieurs personnalités politiques impliquées. Une commission d'enquête a vu le jour.
À Montréal, le pâtissier DeGaulle Hélou cache un gilet pare-balles dans l’arrière-salle de sa boutique. Un garde du corps le suit dans tous ses déplacements. C’est la réponse de cet homme d’origine libanaise à la violente agression physique qu’il a subie en 2010 pour avoir refusé de payer le “pizzo”; un racket imposé par la mafia montréalaise.
Aujourd’hui, la commission Charbonneau révèle l’étendue de la corruption et du pouvoir de la mafia à Montréal.
C’est un feuilleton “à la Soprano”, avec par exemple pour épisode un entrepreneur du BTP qui tend une liasse de billets au chef de la mafia dans l’arrière-salle d’un café italien de Montréal… et sous l'objectif des caméras cachées de la police.
Des élus ont aussi raconté l'intimidation quotidienne pour l'attribution de contrats de travaux publics.
Dans cette affaire, les maires de Montréal et de Laval ont été contraints à démissionner, des témoignages d'employés de la mairie faisant état d'une corruption quasi généralisée.
Notre reporter a rencontré Lino Zambito, un entrepreneur d'origine sicilienne et ex-partie prenante d’un système de corruption qui permettait à plusieurs entreprises de se partager les plus gros contrats municipaux.
Aujourd’hui, patron d’une pizzeria dans la grande banlieue de Montréal, Lino Zambito reste sous le coup de plusieurs accusations et ne manque aucune audition de la commission d’enquête sur la corruption. Il connaît tous les témoins et décrypte, pour FRANCE 24, cette mafia, qui pourrait bien s'étendre au-delà des frontières du Québec.