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Tandis qu'un nouveau Premier ministre vient d'être nommé, le porte-parole de la junte malienne, dirigée par le capitaine Sanogo (photo), affirme sur FRANCE 24 que l’arrestation et la démission de Cheick Modibo Diarra n'ont rien d'un coup d’État.

Condamnations de la communauté internationale

La France a sommé mardi l'ancienne junte malienne de cesser ses ingérences dans la vie politique du pays et condamné "les circonstances dans lesquelles le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a été contraint de démissionner", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Philippe Lalliot.

"Ces développements viennent souligner la nécessité du déploiement d'une force africaine de stabilisation", a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité des Nations unies et les Etats-Unis ont également vivement condamné la démission forcée de Cheick Modibo Diarra, l'ONU renouvelant ses menaces de "sanctions ciblées" contre les ex-putschistes.

La junte malienne s’est défendue, mardi, sur l’antenne de FRANCE 24, de tout coup d’État, quelques heures seulement après l’annonce de la démission du Premier ministre et de son gouvernement, sur la chaîne nationale. Cheick Modibo Diarra a été arrêté lundi 10 décembre à son domicile de Bamako, sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, à l’origine du coup d’État du 22 mars.

Mardi soir un nouveau Premier ministre, Django Sissoko, qui occupait la fonction de médiateur de la République, a été nommé par le président malien par intérim Dioncounda Traoré.

Dans les rues de la capitale malienne, l’ambiance était plutôt calme, selon le correspondant de FRANCE 24 sur place, Serge Daniel.

"Ce n’est pas un nouveau coup d’État", a affirmé sur FRANCE 24 Bakary Mariko, le porte-parole des militaires putschistes, justifiant cette action par le fait que le Premier ministre n’a pas atteint ses objectifs politiques. "Cheick Modibo Diarra n’a pas rempli les deux missions qui lui étaient attribuées : la libération du Nord-Mali et l’organisation d’élections libres et transparentes. Depuis sa nomination [en avril, lorsque les militaires avaient officiellement restitué le pouvoir, NDLR], il n’a pas agi en homme de devoir. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait au nom de son agenda personnel (…)," a-t-il poursuivi.

"Le pays ne peut pas se permettre de vivre encore une fois une crise institutionnelle tant que la situation dans le Nord reste comme telle", a également affirmé le porte-parole.

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L'interview de Bakary Mariko, porte-parole de la junte malienne, sur FRANCE 24

Depuis le putsch du 22 mars dernier, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, le nord du Mali est aux mains des islamistes. La communauté internationale planche sur l’éventualité d’une intervention militaire dans la région. Une résolution en ce sens doit être votée à l’ONU dans les prochains jours.

Soutenue par l’ex-Premier ministre, cette option était, en revanche, exclue par le capitaine Sanogo et la majorité des militaires. Ceux-ci estiment avoir seulement besoin d'un soutien financier et logistique pour mener eux-mêmes une opération de reconquête dans la région.

"L’armée malienne agira seule dans le Nord si la communauté internationale tarde"

Cette dissonance des voix au sein du triumvirat à la tête du Mali freine, selon le porte-parole, la résolution de la situation. "Alors que Dioncounda Traoré va au Niger pour tenir un discours, Cheick Modibo Diarra va au Tchad pour tenir un autre discours, et la communauté internationale demande au Mali de parler d’une seule voix, soulève-t-il. Nous pensons que cette situation [la démission du Premier ministre, NDLR] va permettre [...] d’avoir un gouvernement qui agit dans l’intérêt du Mali."

Contacté par FRANCE 24, le conseiller spécial de l’ancien Premier ministre, Hamadoun Touré, affirme ne pas comprendre la situation politique dans laquelle le pays est plongé.

Interrogé sur la possibilité d’une intervention dans le Nord, Bakary Mariko a, en outre, affirmé que l’armée était prête à agir, même sans l’aide de la communauté internationale. "L’armée malienne a la volonté et les ressources nécessaires d’aller libérer son pays. Nous voulons l’assistance de la communauté internationale, mais si elle doit tarder jusqu’en septembre ou jusqu’à une date qui n’est pas définie, l’armée malienne prendra la responsabilité d’agir pour libérer son territoire."

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Le portrait en vidéo de Cheick Modibo Diarra

Tags: Mali,