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La mère de Georges Papandréou, championne grecque de l'évasion fiscale ?

La mère de l’ex-Premier ministre grec serait la plus importante bénéficiaire de la "liste Lagarde" où figurent plus de 2 000 Grecs ayant placé leur argent en Suisse. Le compte s'élève à 550 millions d'euros, d’après la presse hellène.

Dans la famille Papandréou, les Grecs s’intéressent désormais à la mère de l’ex-Premier ministre. Margaret Papandréou a été accusée, dimanche 2 octobre, par deux hebdomadaires hellènes (To Vima et Proto Thema), d’être la bénéficiaire d’un compte suisse de 550 millions d’euros. Une révélation qui, si elle venait à être confirmée, dégraderait encore un peu plus l’image de cette famille qui a participé en 1974 à la fondation du Pasok, le parti socialiste grec.

Selon les deux journaux à l’origine de cette nouvelle affaire, c’est la fameuse “liste Lagarde” qui fait de nouveau parler d’elle. Ce document, que Christine Lagarde, alors ministre française de l'Économie avait remis à Athènes en 2010, comporte 2 059 noms de Grecs ayant placé de l’argent dans la filiale suisse de la banque HSBC. Or, le “plus gros” compte serait celui de Margaret Papandréou.

L’implication de la matriarche - elle a 89 ans - du clan Papandréou a été évoquée lors d’une récente réunion de la SDOE, la police fiscale grecque, affirment les deux magazines, qui assurent que l’information leur a été confirmée par plusieurs députés grecs.

En fait, le nom de Margaret Papandréou ne figure nulle part sur cette liste, dont une copie avait été publiée à la fin d'octobre sur Internet par le journaliste Costas Vaxevanis. Le compte litigieux apparaît comme étant gérée par une certaine Maria Panteli, une Grecque dont les éventuels liens avec la mère de Georges Papandréou n’ont pas été révélés. Mais d’après les médias grecs, c’est bien à Margaret Papandréou que l’argent appartiendrait.

Le mystère de la "liste Lagarde"

Cette dernière n’a pas tardé à réagir. “Pourquoi ces mensonges ? Pourquoi ces attaques ? Peut-être parce que ma famille n'a jamais servi de groupes d'intérêt dans ce pays", a affirmé Margaret Papandréou dans un communiqué dimanche. Elle a dénoncé une démarche “honteuse” de la part des journalistes qui n’auraient même pas cherché à la contacter pour obtenir sa version des faits.

L’ancien Premier ministre a jugé, de son côté, que “ces accusations le visaient clairement lui et la politique qu’[il] avait mise en place dans l’intérêt du pays” à partir de 2009 lorsque la crise grecque avait éclaté. Le dernier rejeton de la famille Papandréou a, en effet, été chef du gouvernement lors de la négociation du premier plan international de sauvetage en 2010 et a dû démissionner sous la pression de la rue un an plus tard. Il est en partie tenu pour responsable par l’opinion publique de la situation catastrophique de l’économie grecque.

Mais ces révélations remettent aussi sur le devant de la scène le mystère de la “liste Lagarde” qui embarrasse une partie de la classe politique grecque, accusée de tenter d’étouffer l’affaire. En effet, le ministre de l’Économie, Georges Papaconstantinou qui avait reçu ce document, en 2010, avait affirmé “l’avoir égaré”. Quant à son successeur, Evangélos Vénizélos, il n'a pas jugé bon de mener d'enquêtes sur ces quelque 2 000 Grecs soupçonnés d’évasion fiscale.

La publication en ligne d’une copie de la liste par le journaliste Costas Vaxevanis avait démontré que la liste ne s’était pas volatilisée. Une mise en ligne qui avait valu à ce rédacteur en chef de la revue grecque Hot Doc d’être poursuivi en justice pour violation de données personnelles avant d’être acquitté début novembre.

Depuis lors, les Grecs ne savent toujours pas quel sort leur gouvernement réserve aux plus de 2 000 personnes de cette liste qui ont placé en Suisse plus de 1,5 milliard d’euros.