
L'annonce de la création d'une "commission du dialogue" par le gouvernement a été reçue avec scepticisme par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ces derniers exigent le retrait préalable des forces de l'ordre.
Au terme d’un week-end émaillé de violences dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement s’efforce de reprendre la main en lançant une "commission du dialogue" sur le projet contesté de nouvel aéroport, près de Nantes.
Une initiative saluée dimanche comme une "excellente nouvelle" par Europe Écologie-Les Verts, membres de la majorité gouvernementale, tandis que le Parti de gauche et l’Union des démocrates indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo appelaient à une suspension pure et simple du projet.
Empêtrée dans son imbroglio électoral, l’UMP s’est, quant à elle, contentée de dénoncer une "reculade" par la voix d’Alain Juppé.
"On crée une commission, c'est-à-dire qu'on diffère le projet", a déclaré le maire de Bordeaux avant de disparaître pour rejoindre François Fillon et Jean-François Copé dans un lieu tenu secret pour tenter de mettre un terme à la crise que traverse l’UMP.
Reculer pour mieux sauter ?
Pour le politologue Stéphane Rozès, la réouverture du dialogue est un moyen de manier "la carotte et le bâton" sans reculer dans ce dossier sensible. "[Le gouvernement] essaie de trouver un compromis entre la fermeté sur les pratiques, et puis l'écoute, le dialogue sur le fond du dossier", estime le spécialiste de politique française dans un entretien à l’AFP.
Une analyse confortée par l’intervention de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, ce dimanche, lors du "Forum" Radio J. Cette dernière a souligné que le rôle de la commission se bornerait à "exposer à toutes les parties prenantes la réalité des travaux réalisés, de leur impact sur la biodiversité".
L’annonce de cette "commission du dialogue" a été reçue avec scepticisme dans le bocage normand, où les opposants au projet d’aéroport ont organisé, dimanche après-midi, un pique-nique géant sur le terrain dit de la Châtaigneraie, à Notre-Dame-des-Landes.
Scepticisme dans le bocage
Les militants sur le terrain demandent avant tout le retrait des forces de l’ordre de la zone où un campement de constructions illégales a été détruit, samedi, au terme d’une journée de heurts entre forces de l’ordre et squatteurs.
Les accès routiers au site de la Châtaigneraie étaient toujours bloqués par les gendarmes mobiles, mais le gros des troupes - 500 gendarmes avaient été mobilisés vendredi et samedi - n'était pas visible. Un journaliste de l’AFP sur place a constaté qu’une barricade sur le chemin était toujours aux mains des opposants.
Ces derniers ne font pas mystère de leur volonté de reprendre la construction de cabanes afin de poursuivre leur lutte. Le co-président de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa), Dominique Fresneau, a clairement annoncé la couleur ce dimanche matin.
"Même si l’opposition est illégale, elle est légitime à Notre-Dame-des-Landes. Le Premier ministre veut amener des mesures d’apaisement alors que c’est lui qui a allumé des incendies partout. Il se met lui-même en position de siège éjectable à Matignon", a-t-il déclaré.