
Réunis en assemblée plénière à Lourdes, les évêques de France et leur président, le cardinal de Paris André Vingt-Trois, ont une nouvelle fois fustigé le projet de loi sur le mariage pour tous, déclenchant l'ire de la gauche.
À l’approche de l’examen de la loi dite du mariage pour tous en Conseil des ministres, mercredi 7 novembre, l’Église catholique est montée au créneau contre le projet qui divise les Français.
S’exprimant devant une assemblée des évêques de France réunie à Lourdes, l’archevêque André Vingt-Trois a, une nouvelle fois, fustigé l’engagement du gouvernement à instaurer le mariage homosexuel, dimanche. Il s’est appuyé sur l’argument de la protection de l’enfant, plaidant que ce dernier doit "se construire en référence à un père et une mère".
Samedi, il avait déjà dénoncé "une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société".
Il n’en fallait pas plus pour susciter l’ire de la gauche et des associations de défense des droits des personnes homosexuelles. Sur les réseaux sociaux, les évêques de France, réunis en assemblée plénière à Lourdes jusqu'à jeudi, ont essuyé des tombereaux d'insultes. "Cathos fachos", "à combattre jusqu'à la mort du dernier", "pédophiles en soutane, on va s'occuper de vous", "les curés à l'échafaud", peut-on notamment lire, selon le bureau de presse de la Conférence des Evêques de France.
Le rapporteur socialiste du projet de loi, Erwann Binet, a demandé que les évêques "ouvrent les yeux sur les familles d'aujourd'hui qui font cette société, des familles monoparentales, homoparentales, recomposées". Le député PS de Paris, Jean-Marie Le Guen, a, quant à lui, dénoncé le "retour en arrière choquant de l'Église catholique", "une espèce de retour vers un fondamentalisme qui me pose problème".
Par ailleurs, l’argument de la protection de l’enfant, brandi par le cardinal Vingt-Trois, mais aussi par des associations qui s’opposent au mariage gay, comme Alliance vita, ne convainc pas. Des psychanalystes ont ainsi estimé dans une pétition lancée sur Internet que "rien dans le corpus théorique (...) ne nous autorise à prédire le devenir des enfants, quel que soit le couple qui les élève".
"De plus, la (pratique) clinique de nombre d'entre nous avec des enfants de couples +homosexuels+ atteste que ce milieu parental n'est ni plus ni moins pathogène qu'un autre environnement", plaident encore certains de ces professionnels.
Le rôle de l’Église ?
Au-delà du débat lui-même sur le bien fondé de la légalisation du mariage pour les homosexuels apparaît également la question du rôle et de la place de l’Église dans un état laïc.
Le porte-parole du Parti socialiste a ainsi jugé, dimanche, que l’Église n’était "pas vraiment dans son rôle quand Mgr Vingt-Trois appelle à s'opposer à la volonté du législateur, d’autant qu’il s’agit du mariage civil dans la République laïque". Pour François Bayrou, le président du Modem, le "rôle de l'Église est aussi d'exercer et de montrer la charité" en prenant en compte la réalité de l'homoparentalité aujourd'hui. "L'homoparentalité existe pour des centaines de milliers d'enfants en France. Est-ce qu'ils sont des parias ? Non !", s’est indigné l’ancien candidat à la présidentielle, partisan pour sa part d’une "union" plutôt que du mariage homosexuel.
À droite, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a appelé le président de la République à reporter l'examen du texte pour que puissent être organisés des "états généraux de la famille". De son côté, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a réclamé un "référendum".
Le nombre de Français favorables au mariage des homosexuels a baissé à 58 % en 2012 contre 63 % en 2011, selon un sondage BVA publié samedi.
FRANCE 24 avec dépêches