Dans un entretien au Parisien, Paul Sollacaro, fils de l’avocat pénaliste corse assassiné mardi 16 octobre, pointe la police du doigt. Jean-Marc Ayrault a annoncé l'adoption de 10 mesures destinées à "stopper la dérive" de la violence en Corse.
"Les services de police sont responsables de sa mort". Sans retenue, Paul Sollacaro, le fils du bâtonnier d’Ajaccio assassiné le 16 octobre, s’est exprimé dans les colonnes du quotidien Le Parisien, daté du 22 octobre. Avocat comme son père, il estime que ce sont "les services de police" qui sont "responsables de (la) mort" de son père, tué de neuf balles, dont cinq dans la tête, à Ajaccio.
Le meurtre de Me Sollacaro, le quinzième assassinat en Corse depuis janvier, a jeté une lumière crue sur la litanie des règlements de comptes dans l'île : avec une moyenne de 16 homicides par an depuis 20 ans, pour une population d’un peu plus de 300 000 habitants, la Corse est devenue la région la plus criminogène d'Europe. Pour enrayer cette spirale de la violence, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a annoncé, lundi 22 octobre, l'adoption de 10 mesures destinées à "stopper la dérive" de la violence sur l’Île de Beauté.
Dans l’entretien, Paul Sollacaro, 31 ans, s'en est directement pris à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs, chargée des dossiers de crime organisé) de Marseille, dont son père dénonçait les méthodes. "Dès le départ, mon père et ses confrères se sont battus contre cette justice d’exception", affirme-t-il. "De poussettes [manipulations, dans le jargon policier, NDLR] en suggestions, que ce soit en garde à vue ou sur procès-verbal, certains enquêteurs ont honteusement caricaturé les avocats", poursuit-il.
"Aujourd’hui, j’ai peur pour mes confrères"
"À la Jirs, on les a présentés comme les avocats de tel ou tel clan, voire comme les complices de leurs clients ! À force de jouer les apprentis sorciers, le thermomètre a explosé, en l’occurrence au visage de ma famille." Et d’ajouter : "Aujourd’hui, j’ai peur pour mes confrères".
Le fils d’Antoine Sollacaro réclame par ailleurs l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le fonctionnement de la Jirs, qui a été saisie de l'enquête sur la mort de Me Sollacaro, "une insulte pour (sa) famille", selon ses dires. "Je souhaite aussi que le ministre de l'Intérieur saisisse l'inspection générale des services", a-t-il ajouté.
Me Paul Sollacaro a également déploré le fait que, selon lui, la situation en Corse n'intéresse pas les autorités politiques, "malgré la succession d'assassinats qui a fait battre tous les records de meurtres". "À Marseille, où la situation est moins pire, les réactions se multiplient. Ici, il a fallu qu'on tue un avocat, qu'une barrière tombe, pour qu'on se rende compte à quel point la situation est folle. Cela me scandalise", conclut-il.
FRANCE 24 avec dépêches
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