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La mort d'un nouveau-né en Corrèze relance le débat sur les déserts médicaux

Un nouveau-né est décédé vendredi sur une aire d'autoroute en Corrèze, alors que sa mère n'avait pas réussi à rejoindre la maternité à temps pour accoucher. Un drame qui relance le débat sur les déserts médicaux en France.

La mort d'un nouveau-né, vendredi, après que sa mère eut accouché sur une aire d'autoroute en se rendant à la maternité de Brive (Corrèze), à une heure de route de son domicile, dans le Lot, a relancé samedi le débat sur les déserts médicaux en France.

Les circonstances de ce drame, au sujet duquel François Hollande a demandé l'ouverture d'une enquête administrative, sont pour l'instant inconnues, mais de nombreuses voix n'ont pas tardé à s'élever pour dénoncer la "désertification accélérée" de certains territoires.

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La mort d'un nouveau-né en Corrèze relance le débat sur les déserts médicaux

"La désertification accélérée depuis des années fait que ce type d'incident, de drame, de difficultés médicales, ne peut que s'accélérer", a déclaré sur BFM-TV Michel Antony, président de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et
maternités de proximité.

"Ça justifie, d'une manière terrible, ce que l'on crie dans le désert depuis plusieurs années", a-t-il ajouté.

Deux-tiers des maternités françaises ont fermé depuis le milieu des années 1970, avec 535 maternités à ce jour contre 1.370 en 1975.

Malgré la réduction du nombre de maternités, le temps d'accès moyen pour s'y rendre est resté stable entre 2001 et 2010, à moins de 17 minutes pour la moitié des femmes en France, selon une étude publiée ce mois-ci par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).

Mais les disparités des temps d'accès entre départements sont fortes, souligne ce rapport, qui signale huit départements où le temps d'accès moyen est supérieur à 30 minutes.

Parmi ces huit départements figurent le Lot, où s'est déroulé le drame vendredi, et qui ne dispose plus que d'une maternité, à Cahors, pour une population d'environ 170.000
habitants. Deux autres maternités, à Figeac et Gourdon, ont en effet fermé ces dernières années.

200 médecins mobilisés en 2013

Le lien entre le faible nombre d'établissements et ce drame n'est pas encore établi, a rappelé samedi la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, à qui
l'enquête a été confiée.

"Cette maternité n'était pas nécessairement la plus proche, elle était celle qui relevait du choix de la mère, je crois, mais je souhaite que nous donnions le temps à l'enquête de se faire, même si j'ai souhaité avoir les résultats très rapidement", a-t-elle déclaré sur BFM-TV. Une autre enquête a été ouverte par l'Agence régionale de santé (ARS).

En attendant, le débat, qui dépasse les seules maternités, est lancé. "On est de plus en plus loin des lieux où on peut se faire soigner correctement", souligne Michel Antony.

En clotûre du congrès des mutuelles de santé à Nice, François Hollande, qui s'est donné pour objectif qu'aucun Français ne se trouve à plus de 30 minutes d'un service
d'urgences, a d'ailleurs estimé que ce drame "nous appelle une nouvelle fois encore à ne rien accepter en matière de désert médical".

Dans son édition annuelle de l'atlas de la démographie médicale française, le Conseil National de l'Ordre des médecins estime que 35 départements sont "potentiellement en danger" car ils cumulent la forte probabilité d'un départ massif d'ici 2017, et une faible présence de jeunes générations en secteur libéral.

La loi hôpital, patients, santé et territoire (HPST) de 2009 comportait plusieurs mesures destinées à assurer l'accès aux soins dans les déserts médicaux.

Une amende de 3.000 euros était ainsi prévue pour les médecins qui, installés en zone surmédicalisée, refuseraient d'aider des confrères des zones sous-médicalisées. Mais le Parlement français a supprimé en juillet 2011 ces mesures contraignantes.

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2013 prévoit de mobiliser 200 médecins dès l'année prochaine pour répondre aux besoins des territoires les plus en difficulté. Un plan sur les déserts médicaux sera par ailleurs mis en oeuvre à partir de 2013, annonce ce document.

Dans un entretien à paraître dimanche dans "Nice-Matin", la ministre de la Santé Marisol Touraine suggère de revoir le fonctionnement des stages des étudiants en médecine, mais affirme qu'il "n'y aura pas de limitation de la liberté d'installation" des médecins.

(REUTERS)