
L'armée contrôle désormais le palais présidentiel du centre d'Antananarivo. Un assaut "symbolique", selon l'envoyé spécial de FRANCE 24, Cyril Vanier, puisque le chef de l'État est réfugié depuis dimanche soir dans un autre palais.
Deux véhicules blindés de l'armée malgache ont forcé, ce lundi, l’entrée du palais présidentiel situé dans le centre de la capitale Antananarivo. Présent sur place, l'un des envoyés spéciaux de FRANCE 24, Cyril Vanier, rappelle cependant que le chef de l'Etat, Marc Ravalomanana, se trouve dans un autre bâtiment : "Il y a deux palais présidentiels, celui où réside le président actuellement est à 12 kilomètres du palais attaqué, qui, lui, a un rôle essentiellement symbolique".
"La situation est revenue au calme ce soir, les tirs et les explosions que nous avons entendus lors de l'attaque n'étaient d'ailleurs que des tirs de sommation pour prévenir d'éventuels soldats encore présents dans le palais présidentiel", précise Cyril Vanier.
Le chef de l'opposition, Andry Rajoelina, assure ne pas avoir donné l'ordre à l'armée de s'emparer du bâtiment.
De son côté, le porte-parole du président annonce que ce dernier est toujours déterminé à lutter jusqu'au bout. "Je mourrai avec vous s'il le faut", a assuré Marc Ravalomanana à sa garde personnelle.
L'UA condamne le "coup d'État" de l'opposition
Plus tôt dans la journée, l’Union africaine (UA) avait dénoncé "une tentative de coup d'Etat" à Madagascar, après qu'Andry Rajoelina avait demandé aux forces de l'ordre d'arrêter le président. Le maire destitué d'Antananarivo avait auparavant rejeté l'hypothèse d'un référendum pour sortir de la crise politique, comme le proposait, hier, le chef de l'Etat.
La guerre de communication se poursuit donc entre le camp présidentiel et l’opposition. Envoyée spéciale de FRANCE 24 à Antananarivo, Virginie Herz, a pu contacter le chef d’état-major de l’armée, qui fait partie des militaires ne répondant plus aux ordres du président. Celui-ci lui a affirmé que "l’armée était du côté du peuple". Il a cependant estimé, précise Virginie Herz, "que ce n’est pas notre rôle d’arrêter des personnes mais plutôt celui de la police ou de la gendarmerie".
L’armée, un arbitre engagé
Tout en répétant qu'elle ne veut pas jouer de rôle politique, l'armée malgache, par son opposition affirmée au président Marc Ravalomanana, est devenue l'arbitre engagé du dénouement du conflit entre l'opposant Andry Rajoelina et le chef de l'État.
Face à l'emballement de la crise, armée, gendarmerie et police, soit environ 28 000 hommes, s'arc-boutent sur une position officiellement "apolitique".
L'objectif est de sauvegarder l'unité de la troupe et d'éviter de rejouer le scénario qui s'était produit lors de la crise de 2002. Après plusieurs mois de paralysie, l'armée s'était alors divisée entre "légalistes" - fidèles au président d'alors, Didier Ratsiraka -, et "légitimistes" soutenant le mouvement de l'opposant de l'époque, Marc Ravalomanana.
Cette fracture avait conduit à des combats et à l'emprisonnement d'officiers restés fidèles à l'ancien régime.
Tirs la nuit dernière
Des tirs ont par ailleurs été entendus dans la nuit de dimanche à lundi aux abords du palais présidentiel, qui se situe à 12 kilomètres du centre-ville de d'Antananarivo. "Vers 3 heures du matin, précise Cyril Vanier, l’envoyé spécial de FRANCE 24 dans la capitale malgache, des membres de l’armée, ceux qui ont organisé la mutinerie il y a une semaine, ont tiré par trois fois sur le palais présidentiel. Il n’y a pas eu de dégâts, car les tirs sont tombés à 500 mètres du bâtiment."
"La garde présidentielle, qu'on dit forte de 500 soldats dans le palais, s’est déployée mais n’a pas riposté, poursuit Cyril Vanier. Selon elle, les tirs avaient peut-être pour objectif d'intimider les partisans de Marc Ravalomanana qui sont plusieurs centaines à exprimer, en permanence, leur soutien au président devant son palais".