
Devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, une délégation du Conseil national syrien (CNS) a voulu rassurer sur le caractère marginal des djihadistes dans les rangs de la rébellion syrienne.
"Tout ce qui concerne les combattants islamistes est beaucoup exagéré", affirme George Sabra, membre du bureau exécutif et porte-parole du Conseil national syrien (CNS). L’opposant historique au régime des Assad accompagnait Abdelbasset Sayda, le président de la principale instance de représentation de l’opposition, lors de son audience, mercredi 10 octobre, à la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
Reçu par le président français, François Hollande il y a plusieurs mois, le CNS s’exprimait pour la première fois devant cet organe, présidé par l’ancienne garde des Sceaux, Elisabeth Guigou.
Phénomène très marginal
Parmi les nombreuses questions et inquiétudes soulevées par les députés présents, celle des combattants islamistes présents en Syrie est revenue à maintes reprises. Ces derniers mois, plusieurs reportages et témoignages ont fait état de la présence de combattants extrémistes dans les rangs des factions rebelles. Certains d’entre eux sont venus de l’étranger prêter main forte à l'insurrection.
Mais malgré cela pour le président du CNS et son porte-parole il ne s’agit que d’un phénomène minoritaire et amplifié. "Les journalistes aiment bien voir des combattants islamistes et, évidemment, ils sont en première ligne", s’est ainsi amusé George Sabra lors de la conférence de presse qui a suivi l’audience. "Je peux affirmer qu’il n’y a dans toute la Syrie que 100 à 200 de ces extrémistes", a-t-il lancé.
Pour le CNS, ces combattants ne sont en aucun cas source de préoccupation, comme tendent à le dire les médias et les députés français. "Nous ne sommes pas inquiets du tout. Dans leur écrasante majorité, ce sont des gens qui viennent de l’étranger, d’autres pays arabes. Ils sont venus prêter main forte au peuple syrien et disent qu’ils repartiront chez eux ensuite", a justifié l’opposant.
Acquiescant aux dires de celui qu’il a à plusieurs reprises désigné comme "son ami", le président du CNS s’est par ailleurs voulu rassurant quant aux formations islamistes. "Les partis politiques islamistes, dont le principal est celui des Frères musulmans, font partie de notre structure d’opposition, et partagent notre vision d’une Syrie libre, démocratique, ou chaque communauté aura sa place", a ainsi déclaré Abdelbasset Sayda.
Rassurer les députés français
"Quels sont les rapports avec le Qatar ? D’où vient le financement du CNS et de la rébellion ? Quelles garanties l’opposition peut-elle offrir aux minorités chrétiennes, kurdes et druzes de Syrie ?" Les députés français n’ont pas été avares en questions.
Désigné en juin à la tête du CNS, Abdelbasset Sayda a tenu à rappeler la réalité du régime syrien, remontant aux origines du système sécuritaire mis en place par Hafez al-Assad, père de l’actuel président, qui a poussé la jeunesse dans les rues. À maintes reprises, il a réitéré les intentions du CNS : "faire cesser les massacres, et établir un gouvernement de transition qui reflète la pluralité de la société syrienne et en respecte toutes les communautés". "On ne peut dissocier la communauté chrétienne de l’histoire de la Syrie", a-t-il poursuivi.
Quant aux craintes de certains députés de voir des règlements de comptes et autres vengeances ternir l’après-Assad, Sayda a une nouvelle fois joué la carte de l’apaisement. "On ne lave pas le sang avec le sang, mais avec l’eau, dit un vieux dicton syrien. Et il n’y aura pas de place pour la vengeance. Nous avons assuré aux Alaouites que nous ne les tenions pas pour responsables des actes du clan Assad", a-t-il rappelé.
"Construire la Syrie de demain"
Plusieurs questions seront toutefois restées en suspens. Interrogé sur l’origine des armes des rebelles, qui bénéficient désormais d’artillerie lourde, Abdelbasset Sayda a simplement répondu : "Des spécialistes travaillent sur la question".
De retour de Syrie, où il se trouvait encore lundi, Sayda a également assuré que l’unification des différentes factions de combattants de l’Armée syrienne libre (ASL) était en bonne voie. De son côté, le CNS travaille également de concert avec d’autres instances de l’opposition en vue de "construire ensemble la Syrie de demain, ouverte à tous, même aux membres du Baas [le parti au pouvoir, NDLR] qui n’auront pas de sang sur les mains". Critiqué depuis sa création pour son incapacité à unifier l’opposition syrienne, le CNS doit se réunir à Doha au Qatar la semaine prochaine, pour évoquer l’après-Assad, mais aussi s’élargir à d’autres groupes d’opposition.