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L'armée turque continue de répondre coup pour coup aux tirs syriens

Depuis le 3 octobre, la Turquie effectue des tirs à la frontière syrienne en riposte à des tirs d'obus syriens tombés sur son territoire. Les tensions entre Damas et Ankara s’accentuent chaque jour et inquiètent la communauté internationale.

Un obus syrien tiré lundi 8 octobre est tombé vers 15 h heure locale (12h00 GMT) dans le district d'Altinozu, dans la province turque de Hatay (sud-est de la Turquie), a annoncé un responsable turc sous couvert d'anonymat. Selon le président turc Abdullah Gül, "le scénario du pire" est en train de se matérialiser. Il assure que son pays continuera de faire tout le nécessaire pour protéger ses frontières.

La veille, un précédent tir avait déjà visé la Turquie et plus précisément Akçakale, un village du sud-est du pays où cinq civils ont été tués par des tirs syriens, mercredi 3 octobre. L’attaque n’avait pas fait de victimes, l'obus étant tombé dans le jardin d'un bâtiment public, qui avait été au préalable évacué par les autorités. Seuls des dégâts mineurs étaient à déplorer, selon l'agence de presse turque Anatolie.

Riposte systématique

Sans surprise, les forces d'Ankara, qui ont renforcé leur présence dans le secteur en déployant plusieurs chars et pièces d’artillerie, ont riposté en tirant sur des positions militaires syriennes, a annoncé un responsable turc à l'AFP.

Depuis le grave incident du mercredi 3 octobre dans le village frontalier d’Akçakale, la Turquie répond systématiquement par des tirs d'artillerie aux tirs syriens touchant son territoire. Le soir même et le jour suivant, des tirs sur des positions de l'armée syrienne ont tué "plusieurs" soldats syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


Du côté de la diplomatie internationale, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a mis en garde contre l'escalade "extrêmement dangereuse" du conflit à la frontière entre la Syrie et la Turquie, dans un discours, lundi, à Strasbourg.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a répété, vendredi, que son pays ne souhaitait pas la guerre avec la Syrie mais qu'il n'hésiterait pas à répondre à tout acte menaçant sa "sécurité nationale". "Je le redis une fois encore au régime d'Assad et à ses partisans : ne vous aventurez pas à éprouver la patience de la Turquie (...) La Turquie se sortira sans une égratignure de tout incident et poursuivra son chemin", a déclaré M. Erdogan devant une foule de partisans du parti au pouvoir. "Mais vous, vous en sortirez meurtris, vous en paierez un prix très élevé", a-t-il ajouté.

L'incident survenu à Akçakale, situé dans la province de Sanliurfa, est le plus grave entre Damas et Ankara depuis la destruction d'un avion de combat turc par la défense antiaérienne syrienne en juin. Accentuant les tensions entre les deux pays, il a ravivé les craintes d'une propagation du conflit syrien.

Le gouvernement turc avait obtenu la semaine dernière le feu vert du Parlement pour poursuivre les opérations militaires contre la Syrie, si nécessaire.

Chareh, une solution à la guerre civile ?

Dans un entretien télévisé samedi soir, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu, dont le pays appelle au départ du "criminel Assad", a estimé que Farouk al-Chareh, vice-président syrien depuis 2006, pourrait remplacer Bachar al-Assad à la tête d’un gouvernement de transition en Syrie.

"Farouk al-Chareh est un homme de raison et de conscience et il n'a pas pris part aux massacres en Syrie. Personne d'autre que lui ne connaît mieux le système" en Syrie, a dit M. Davutoglu, en soulignant que l'opposition "est encline à accepter Chareh" comme futur dirigeant de l'administration syrienne.

M. Chareh, la personnalité sunnite la plus en vue au sein du pouvoir alaouite, est un homme de confiance du régime et a été pendant plus de 15 ans chef de la diplomatie. Des informations faisant état de sa défection en août ont été démenties par le régime, mais selon des personnalités de l'opposition, il serait en résidence surveillée.

La guerre déclenchée par la répression sanglante d'une contestation pacifique en mars 2011 ne montre aucun signe d'un dénouement à court terme, les violences mettant le pays à feu et à sang avec plus de 31 000 morts selon une ONG et des localités complètement détruites.

Les zones de tensions à la frontière syro-turque

(FRANCE 24 avec dépêches)

Tags: Turquie, Syrie,