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Les deux camps revendiquent la victoire aux législatives

La coalition du milliardaire Bidzina Ivanichvili (gauche) arriverait en tête des législatives, selon les premiers résultats. Mais le parti du président Saakachvili assure de son côté être en mesure de conserver la majorité au Parlement.

L'opposition géorgienne conduite par le milliardaire Bidzina Ivanichvili a revendiqué la victoire aux élections législatives de lundi mais le suspense demeure sur l'issue du scrutin qui s'est déroulé dans un climat de tension né du scandale des tortures dans une prison de Tbilissi.

Des milliers de partisans de la coalition Rêve géorgien ont laissé éclater leur joie dans la soirée dans les rues de la capitale, brandissant des fanions bleus, la couleur de leur parti, et des drapeaux géorgiens dans un concert de klaxons. "J'ai réalisé ce pour quoi je me battais depuis si longtemps", a lancé Bidzina Ivanichvili, qui a affirmé que son parti allait remporter "pas moins de 100 des 150 sièges du Parlement".

Mais le parti du président Mikheïl Saakachvili, le Mouvement national uni (MNU), assure lui aussi être en mesure de conserver la majorité à l'assemblée.

Les premiers résultats partiels, publiés par la commission électorale après dépouillement dans 6% des bureaux de vote, donnent la coalition d'Ivanichvili en tête du scrutin de liste, qui détermine 77 des 150 sièges du Parlement, avec 56,1% des voix contre 39,4% pour le parti présidentiel.

Les 73 sièges restants sont attribués au scrutin uninominal par circonscription et le Mouvement national uni affirme avoir largement dominé cette partie-là des élections, revendiquant au moins 53 de ces 73 sièges.

"Cela signifie que le Mouvement national uni aura la majorité dans le nouveau parlement", a déclaré à la télévision la porte-parole du parti présidentiel, Chiora Taktakichvili. Dans une allocution télévisée, le président Saakachvili, 44 ans, a rappelé dans la soirée que le dépouillement des suffrages était toujours en cours. Il a ajouté que Le Rêve géorgien semblait l'emporter au scrutin de liste tandis que le MNU arrivait en tête au scrutin uninominal.

Lorsque le nouveau parlement se réunira, a-t-il ajouté, chacun devra "prendre sa place et se mettre au travail dans le cadre du processus démocratique". "Nous sommes tous des citoyens géorgiens, nous devons être unis et travailler ensemble."

Vote-sanction pour Saakachvili

Si l'issue du scrutin est encore incertaine, le camp présidentiel ne retrouvera pas l'écrasante majorité dont il disposait dans l'assemblée sortante, avec 119 des 150 sièges. Et ces élections législatives semblent donc avoir valeur de sanction pour Saakachvili, porté à la tête de l'ancienne république soviétique par la révolution des roses de l'hiver 2003 mais dont la popularité a été entamée par le bref conflit armé d'août 2008 contre la Russie qui a exacerbé les séparatismes en Abkhazie et en Ossétie du Sud, désormais reconnues comme entités indépendantes par Moscou et plusieurs autres capitales.

La diffusion à la mi-septembre d'une vidéo montrant des sévices infligés à des détenus dans une prison de Tbilissi et qui a fait descendre des milliers de personnes dans les rues a également pesé sur le déroulement du scrutin.

Car Bidzina Ivanichvili, 56 ans, dont la fortune estimée à 6,4 milliards de dollars représente pratiquement la moitié du produit intérieur brut de la Géorgie, avait centré sa campagne contre ce qu'il appelle le "système Saakachvili" et la dérive antidémocratique. Des thèmes illustrés par ce scandale.

Saakachvili, qui a fait de l'ancrage à l'Ouest la priorité de sa politique extérieure, doit démissionner en 2013. Une réforme constitutionnelle entrera alors en vigueur, réduisant le rôle du chef de l'Etat et renforçant parallèlement les prérogatives du Parlement et du Premier ministre.

Lors de la campagne, il a démenti vouloir s'inspirer de l'exemple russe, où Vladmir Poutine est devenu un temps le Premier ministre de Dmitri Medvedev avant de retrouver la présidence cette année.

Mais une solide performance de son parti lui aurait donné un moyen de rester aux responsabilités d'un pays de 4,5 millions d'habitants situé sur les voies d'acheminement de pétrole et de gaz vers les pays occidentaux. Ce scénario-là ne semblait plus d'actualité lundi soir dans les rues de Tbilissi.

"Au-delà d'une lutte pour le Parlement, ce scrutin est aussi une élection fantôme pour la direction du pays et marque un tournant pour la Géorgie", estimait avant le scrutin Thomas de Waal, expert du Caucase au Carnegie Endowment for International Peace, un groupe de recherche basé à Washington.

(Reuters)