
Après deux semaines de négociations sous l’égide de l’Union africaine, les présidents du Soudan et du Soudan du Sud se sont rencontrés, dimanche soir, en Ethiopie. L’entrevue, qui reprend lundi, devrait déboucher sur un accord de paix.
Les présidents du Soudan et du Soudan du Sud se sont rencontrés dimanche soir à Addis-Abeba dans l'espoir de mettre fin aux combats dans les zones frontalières, mais aucun accord n'a pour l'instant été conclu sur la sécurité après deux semaines de négociations, selon des responsables.
Le Soudan du Sud a dit néanmoins s'attendre à la conclusion d'un accord lundi entre le président soudanais Omar Hassan al Bachir et son homologue sud-soudanais Salva Kiir, après l'extension officieuse d'un délai fixé par l'Onu à ce week-end.
"Demain ce sera fini. Il y aura un accord", a déclaré à des journalistes Deng Alor, ministre des affaires du gouvernement sud-soudanais, après le début du sommet.
Juba a accusé dans l'après-midi l'armée soudanaise d'avoir parachuté vendredi et samedi des armes destinées à un groupe rebelle dirigé par le milicien David Yau Yau, dans l'est du Soudan du Sud.
"(Des avions) Antonov ont largué des armes et des munitions aux environs de Likuangole, devant toutle monde, y compris la Minus", a déclaré Philip Aguer, porte-parole de l'armée sud-soudanaise, en référence à la mission de l'Onu dans le pays.
L'armée soudanaise a immédiatement démenti ces allégations, et la Minus n'était pas disponible dans l'immédiat pour les commenter.
Le Soudan accuse son voisin du sud de soutenir le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM Nord), que les forces de Khartoum combattent près de la frontière. Juba affirme de son côté que le gouvernement d'Omar al Bachir soutient des milices rebelles sur le territoire du nouvel Etat.
Omar Hassan al Bachir et Salva Kiir ont entamé des discussions dimanche soir dans le but de conclure deux semaines de négociations sous l'égide de l'Union africaine (UA), dans la capitale éthiopienne. Des pourparlers indirects entre Khartoum et le SPLM Nord, sont en revanche bloqués.
Les deux hommes se rencontreront à nouveau lundi, selon des responsables.
Ils s'étaient déjà vus brièvement en juillet en marge du sommet de l'Union africaine mais ils n'avaient pas tenu de sommet officiel depuis un an.
"Nous nous sommes mis d'accord sur beaucoup de thèmes mais il y a toujours des points sur lesquels nous ne nous sommes pas encore entendus, en particulier sur la question de la sécurité", a déclaré Badr el-Din Abdallah, porte-parole de la délégation soudanaise.
Les deux pays devaient conclure ce week-end un accord de paix global faute de quoi ils s'exposeraient à des sanctions du Conseil de sécurité de l'Onu.
Zone démilitarisée
Les discussions entre ces deux Etats issus de la partition du Soudan en juillet 2011 avaient pour objectif de trouver un accord de sécurité sur leur frontière commune de 1.800 km, préalable indispensable pour Khartoum à la mise en place du plan intérimaire sur le transport du pétrole conclu le mois dernier.
Khartoum avait soulevé les espoirs samedi en acceptant, sous conditions, un accord déjà approuvé par Juba, qui prévoit la mise en place d'une zone démilitarisée le long de la frontière.
Le Soudan du Sud a arrêté en janvier sa production de pétrole, qui représente la quasi-totalité de ses recettes, pour cause de désaccord avec Khartoum sur le montant de la rémunération à lui verser pour l'acheminement de son pétrole jusqu'aux ports de la mer Rouge.
Un sommet entre les dirigeants des deux pays était déjà prévu en avril mais avait été annulé après l'éclatement d'affrontements armés entre les deux pays et la capture provisoire d'un champ pétrolifère soudanais par son voisin du Sud.
La sécession du Soudan du Sud, majoritairement chrétien et animiste, de son voisin du Nord, principalement musulman, s'est faite suivant les conditions de l'accord de paix qui a mis fin à une guerre civile en 2005.
Elle n'a pas résolu une série de disputes sur le tracé de la frontière, les droits de douanes sur le pétrole et des accusations mutuelles de soutiens de rébellions sur les territoires respectifs des deux pays.
Les deux chefs d'Etat doivent par ailleurs trouver une solution à la situation de la zone frontalière d'Abyei, dont la souveraineté est contestée, et où la mise en œuvre d'un référendum est régulièrement entravée par un désaccord entre Khartoum et Juba sur la composition du corps électoral.
Reuters