Le gouvernement de transition malien a accepté que des troupes de la Cédéao s'installent à Bamako "avec discrétion" en vue de reconquérir le nord du pays, occupé depuis cinq mois par des groupes islamistes armés.
Alors que le Mali a timidement célébré, samedi 22 septembre, le 52e anniversaire de son indépendance, les discussions pour reconquérir le Nord, occupé depuis cinq mois par des groupes islamistes armés, semblent progresser peu à peu.
Bien que le gouvernement ait expressément réclamé le soutien de la Cédéao (Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest), aucun accord sur les conditions d’une éventuelle intervention militaire n’avait été trouvé. Mais samedi soir, le ministre malien de la Défense, Yamoussa Camara, a donné le feu vert pour le déploiement de forces ouest-africaines à Bamako, à l’occasion d’une rencontre à Abidjan avec le chef de l'État ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao.
itJusqu’à présent, les autorités maliennes avaient toujours refusé que des forces étrangères s'installent dans la capitale. Le ministre malien de la Défense a toutefois demandé que les opérations, qui pourraient mobiliser 3 300 hommes, se déroulent dans la plus grande "discrétion" afin de ne pas choquer la population.
"Il y a eu une certaine presse qui a fait courir des rumeurs selon lesquelles les Maliens ne souhaitaient pas que soit déployés à Bamako une base logistique et un PC de la Cédéao, toutes choses qui sont indispensables pour la suite des opérations. Cela n'a jamais été le cas", a assuré le ministre malien. Fin juillet, la décision de la Cédéao de retenir au port de Conakry un chargement d'armes destinées au Mali avait suscité incompréhension et indignation d’une partie de la population malienne. Beaucoup avaient alors remis en question les motivations réelles de l’organisation. Ce qui expliquait, en partie, les réticences du Mali quant au déploiement des forces combattantes de l’Afrique de l’Ouest dans le pays.
"Nous ferons la guerre s'il ne nous reste plus d'autre choix"
Le 21 septembre, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a souhaité une libération du Nord par "la négociation ou par la force". Prioritairement, il a appelé les groupes armés à entamer des "négociations sincères", "dans le respect strict de l'intégrité territoriale et de la laïcité de la République". Mais il a aussi demandé à la nation "l'union sacrée" autour de l'armée, affirmant : "Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s'il ne nous reste plus d'autre choix".
Les réactions des islamistes du Nord ne se sont pas faites attendre. Dans la ville de Gao, sous contrôle djihadiste, un responsable local de la sécurité, Alioune Touré, a affirmé à l'AFP sur place: "Nous acceptons la main tendue de M. Traoré à une seule condition: que le Mali applique la charia, la loi de Dieu". Des propos corroborés par les porte-paroles respectifs d'Ansar Dine et du Mujao (Mouvement pour l'unité du jihad en Afrique de l'Ouest).
Désireux d’être dissociés des djihadistes, les indépendantistes du MNLA (Mouvement national de liberation de l'Azawad) acceptent, pour leur part, de s’asseoir à la table des négociations.
FRANCE 24 avec dépêches