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L'Assemblée nationale adopte le projet de loi sur les emplois d'avenir

Les députés français ont approuvé dans la nuit de mercredi à jeudi le projet de loi sur les emplois d'avenir. Le texte prévoit la création, d'ici 2014, de 150 000 emplois réservés aux jeunes de 16 à 25 ans venant de zones défavorisées.

L'Assemblée nationale a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi le projet de loi créant des emplois d'avenir pour des jeunes pas ou peu qualifiés venant de zones défavorisées, principalement dans les collectivités locales, les associations et l'enseignement, public et privé.

Sur les quelque 50 députés présents, ceux de gauche ont voté pour cette mesure qui figurait dans les engagements de campagne de François Hollande, tandis que la plupart de ceux de l'UMP ont voté contre. Les centristes se sont abstenus, ainsi que deux élus UMP, Denis Jacquat et Jean-Pierre Decool.

Le texte sera examiné par le Sénat à la fin du mois avant d'être définitivement adopté.

Les emplois d'avenir, largement subventionnés par l'Etat, seront offerts, généralement dans des collectivités locales et des associations, pour trois ans, à des jeunes de 16 à 25 ans peu ou pas qualifiés vivant dans des zones urbaines ou rurales défavorisées, ou en outremer, ainsi qu'à des handicapés peu qualifiés de moins de 30 ans en difficulté.

Le gouvernement prévoit de créer quelque 150.000 emplois d'avenir d'ici 2014, dont 100.000 dès l'an prochain, pour un coût de 1,5 milliard d'euros par an lorsque le système fonctionnera à plein.

Le texte crée aussi, sur un modèle comparable, des emplois d'avenir professeur, dont devraient bénéficier, d'ici 2015, quelque 18.000 étudiants boursiers, d'un niveau compris entre la deuxième année de licence et la première année de master, venant aussi de zones défavorisées.

Les socialistes et les écologistes ont manifesté sans surprise leur entier soutien un texte qui, selon Christophe Sirugue (PS) "correspond à l'attente de nos concitoyens". Le vote favorable du Front de gauche n'a pas empêché sa porte-parole, Jacqueline Fraysse, d'estimer que l'ampleur du chômage appelait ensuite "des mesures autrement plus ambitieuses".

Pour l'UMP, Jean-Frédéric Poisson a estimé que "le recours de principe à ce type d'emplois ne correspond pas à la situation", tout en reconnaissant que cette opposition au texte n'était pas unanime dans son groupe.

Enfin, le centriste Francis Vercamer a qualifié le projet de loi "de texte banal d'emplois aidés", mais a justifié l'abstention de son groupe par le souci de "ne pas trahir l'espoir des jeunes".

Au cours du débat, le gouvernement et le PS ont accepté d'ouvrir les emplois d'avenir professeur aux établissements scolaires privés, dont l'exclusion, dans le texte initial, avait suscité les vives protestations de l'opposition.

Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, soulignant "ne pas vouloir ranimer la guerre scolaire", a déclaré ne voir "aucune difficulté, ni juridique, ni philosophique" à cette ouverture aux établissements privés.

Les emplois d'avenir professeur seront exercés au maximum à mi-temps de façon à permettre aux jeunes concernés de poursuivre leurs études. Ceux-ci aideront les enseignants, mais "il n'y aura jamais de remplacement de professeur par un jeune en emploi d'avenir", a souligné Vincent Peillon.

Sur l'ensemble du texte, la priorité donnée à certaines zones géographiques, comme aux employeurs du secteur public et associatif, a été vivement critiquée par l'opposition.

"Ce sera ouvert à tous mais avec une priorité pour les endroits où il y a le plus" de chômage des jeunes, a expliqué le ministre de l'Emploi, Michel Sapin.

La nécessité d'accompagner les emplois d'avenir par une formation et un tutorat a été soulignée par les députés de toutes tendances.

Toutefois, la majorité socialiste s'est opposé à un amendement du Front de gauche fixant à 400 heures par an le temps obligatoire de formation dispensée aux jeunes en emplois d'avenir, de même qu'à un amendement centriste proposant 10 heures par semaine.

Le ton "cordial" des débats, selon l'expression de M. Poisson, a laissé brièvement la place à un vif affrontement quand l'élu du Front national, Gilbert Collard, a présenté un amendement, rejeté, visant à réserver les emplois d'avenir en priorité aux jeunes de nationalité française.

AFP