Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement libyen, arrêté le 17 mars en Mauritanie après être entré sur le territoire sous une fausse identité, devra d'abord être jugé à Nouakchott avant qu'une extradition ne soit envisagée.
AFP - Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré lundi que Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement de l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi, "doit être jugé en Mauritanie" avant qu'une décision soit prise sur son éventuelle extradition.
"M. al-Senoussi a des problèmes avec la justice en Mauritanie, il doit être jugé pour son entrée avec une fausse identité en Mauritanie", a affirmé le président Aziz lors d'une "rencontre avec le peuple", organisée à Atar (nord) à l'occasion du troisième anniversaire de son accession au pouvoir en 2009.
Selon lui, "le passeport avec lequel al-Senoussi est entré en Mauritanie n'est pas falsifié, mais il y est indiqué qu'il est Malien et il se présente sous un faux nom, ce pourquoi la justice mauritanienne doit le juger".
Le chef de l'Etat a indiqué que "cette situation a été expliquée aux délégations libyennes venues demander l'extradition, tout comme à la partie française" qui réclame également l'extradition de l'ex-chef libyen des services de rensignement pour son rôle dans l'attentat contre un avion d'UTA en 1989.
"C'est lorsque la justice mauritanienne aura terminé avec son dossier qu'une décision politique sera envisagée pour son extradition", a affirmé le chef de l'Etat mauritanien.
Mais, a-t-il ajouté, "cela ne se fera sans des garanties" car la Mauritanie a "un devoir moral vis à vis de l'homme", a-t-il dit sans plus de précisions.
Entré en Mauritanie avec un passeport malien sous une fausse identité, M. Senoussi avait été arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars à l'aéroport de Nouakchott, alors qu'il arrivait du Maroc. Il avait été placé en garde à vue avant d'être inculpé le 21 mai de "falsification de document de voyage" et entrée illégale dans le pays. Il est depuis détenu à Nouakchott.
La Cour pénale internationale (CPI) a également émis un mandat d'arrêt à l'encontre d' al-Senoussi le 27 juin 2011, l'accusant d'avoir commis "des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l'humanité" dès le début, mi-février 2011, de la révolte contre le régime de Kadhafi.
Le Premier ministre libyen, Abderrahim El-Kib, était venu début juillet à Nouakchott pour demander au président Abdel Aziz l'extradition de Senoussi.
"Le dossier est entre des mains sûres et nous sentons" qu'al-Senoussi "regagnera son pays, sera jugé de manière équitable et traité de façon qui garantisse sa dignité" en Libye, avait déclaré M. El-Kib après sa rencontre avec le président mauritanien.
Cette visite du Premier ministre, la première d'un responsable libyen de ce rang en Mauritanie depuis la chute du régime Kadhafi, était intervenue au lendemain d'un entretien téléphonique entre le chef du Conseil national libyen de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, avec M. Ould Abdel Aziz.
Fin mai, M. Abdeljalil avait déclaré que "la décision qui sera prise par les frères en Mauritanie, en ce qui concerne Abdallah al-Senoussi, sera le fondement des relations futures entre la Libye et la Mauritanie".
Beau-frère de l'ancien "Guide de la révolution", Abdallah al-Senoussi, colonel âgé de 62 ans, faisait partie du premier cercle entourant Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen déchu et tué en 2011.