Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) refuse de conjecturer sur les circonstances de l'accident de voiture du Premier ministre Morgan Tsvangirai. Mais la formation politique réclame l'ouverture d'une enquête indépendante.
AFP - Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) du Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai, blessé vendredi dans un accident de la route, refuse de "spéculer" sur une origine éventuellement criminelle de cet accident, a assuré samedi un de ses responsables.
"Nous ne nous lancerons pas dans des suppositions tant qu'une enquête complète n'aura pas été menée à terme. Pour le moment, nous ne nous livrons à aucune spéculation", a déclaré Eddie Cross, un parlementaire MDC.
Il a ajouté que le MDC insisterait pour que l'enquête soit conduite par une équipe indépendante du pouvoir.
Le Premier ministre zimbabwéen était toujours à l'hôpital samedi, au lendemain de l'accident impliquant un camion et dans lequel sa femme a été tuée.
Cet accident est intervenu trois semaines après sa prise de fonction dans un gouvernement d'union sous la présidence de Robert Mugabe.
En attendant les conclusions de l'enquêtes
"Nous attendons de connaître les véritables causes de l'accident. La police est en train de mener son enquête et nous donnera ses conclusions", a affirmé pour sa part le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa.
Le porte-parole de la police nationale, Wayne Bvudzijena, a expliqué vendredi que la collision avait impliqué deux véhicules: un camion ayant empiété sur l'autre voie a percuté la voiture du Premier ministre, un 4X4 qui arrivait en face.
Le camion appartiendrait à un prestataire de service travaillant pour les gouvernements britannique et américain, selon la chaîne de télévision américaine ABC.
Selon la chaîne, citant des responsables américains sous couvert de l'anonymat, le camion portait la mention USAID (Agence américaine pour le développement international) et avait été acheté grâce à des fonds américains, son conducteur embauché par une agence de développement britannique.
Le gouvernement sud-africain a fait parvenir au Premier ministre une lettre de condoléances, l'assurant du "soutien moral inébranlable du gouvernement et du peuple d'Afrique du Sud ainsi que de toute la région en ce moment de deuil".
L'accident a suscité de nouvelles inquiétudes sur le gouvernement d'union déjà ébranlé par l'arrestation de Roy Bennett le jour même de sa prestation de serment en tant que vice-ministre, le 13 février dernier.
Roy Bennett, 52 ans, ancien fermier blanc, proche de Morgan Tsvangirai reste emprisonné. Il est accusé d'avoir eu l'intention de commettre des actes de sabotage et de terrorisme.
"Cet accident est un nouvel obstacle pour la fragile cohésion du Zimbabwe", relève Daniel Makina, analyste politique dans une université sud-africaine.
"Les gens ne vont pas arrêter d'émettre des hypothèses et vont désigner des coupables. Des spéculations sans fondement et nuisibles seraient catastrophiques", ajoute-t-il.
Le président Mugabe et sa femme Grace se sont rendus vendredi soir à l'hôpital.
"Je pense que la visite de M. Mugabe est très importante, elle ne mettra pas un terme aux rivalités, mais elle représente un pas dans la bonne direction", a poursuivi M. Makina.
Le gouvernement de coalition formé entre MM. Mugabe et Tsvangirai doit préparer de nouvelles élections générales que le président Mugabe a prévu pour dans environ deux ans.