
Le groupe des "5+1" a présenté mercredi des propositions jugées "intéressantes" pour Téhéran lors de discussions qui ont débuté mercredi à Bagdad. Une avancée qui pourrait faire baisser la tension autour du dossier nucléaire iranien.
AFP - L'Iran et les six puissances mondiales tentaient mercredi à Bagdad de mettre un coup d'arrêt à la dangereuse escalade autour du programme nucléaire iranien soupçonné de visées militaires, sur la base de propositions présentées comme "intéressantes" pour Téhéran.
Les discussions entre l'Iran et le groupe "5+1" (les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France, et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne), ont commencé par une session plénière dans une résidence officielle de la zone verte, quartier ultraprotégé du centre de Bagdad, et pourraient se prolonger jeudi si nécessaire.
L'Iran a demandé mercredi aux grandes puissances de "réviser" leur offre pour faciliter la poursuite des négociations nucléaires, à l'issue d'une journée de discussions intenses à Bagdad visant à trouver une issue à la crise du nucléaire iranien.
"L'autre partie doit accepter de réviser ses propositions (...) Les points communs ne sont pas encore suffisants pour poursuivre les négociations" après celles de Bagdad qui s'achèvent jeudi, a déclaré un responsable de la délégation iranienne sous le couvert de l'anonymat.
Elles visent à enrayer l'escalade autour de ce dossier qui empoisonne depuis des années leurs relations, faisant planer la menace d'un conflit armé dans cette région hautement volatile, avec les craintes d'une éventuelle opération militaire d'Israël qui doute de l'efficacité des sanctions contre Téhéran.
L'Iran s'est vu présenter à Bagdad un paquet de propositions "intéressantes", a indiqué le porte-parole du chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton, Michael Mann.
Elles pourraient requérir en retour que l'Iran suspende son enrichissement d'uranium à 20%, une mesure qui apparaît désormais centrale dans le règlement de la crise.
A en croire le quotidien français Le Monde, les Six devaient mettre sur la table un paquet de "mesures pour établir la confiance". Dans ce cadre, l'Iran arrêterait d'enrichir de l'uranium à 20%, transférerait à l'étranger son stock de 140 kg d'uranium enrichi à ce pourcentage et donnerait des gages de coopération à l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA).
"Nous espérons qu'il y aura une réaction positive de l'Iran à nos propositions", a dit M. Mann, excluant toutefois qu'un accord final soit obtenu mercredi et évoquant un processus de négociations.
"Nous pouvons faire des progrès aujourd'hui (...) C'est la seconde étape d'une série de négociations. Nous espérions aller de l'avant, mais ces choses ne peuvent être résolues en une nuit", a-t-il ajouté. "Nous pourrons peut-être décider de la date pour la prochaine étape des discussions".
Un membre de la délégation iranienne a refusé de réagir. "S'ils ont fait une nouvelle proposition, cela veut dire que les précédentes n'étaient pas suffisantes".
Il a ajouté que la partie iranienne insistait sur l'accord réalisé à Istanbul en avril qui soulignait le fait que "le Traité de non prolifération (TNP) était la base des négociations et que le processus de discussions était fondé sur un principe de pas à pas et de réciprocité".
Le chef des négociateurs iraniens, Saïd Jalili, présent à Bagdad, avait espéré que les négociations "fondées sur la coopération" constitueraient "le point de départ d'une nouvelle ère" entre ces pays, selon des médias iraniens.
"Nous sentons que l'Occident a compris que ce n'était plus le moment d'utiliser sa stratégie de pression", a-t-il dit en allusion aux sanctions qui pèsent sur l'Iran. "Nous espérons que les négociations de Bagdad seront l'occasion pour les 5+1 de renoncer à certaines de leurs stratégies stériles".
La Russie, qui participe aux négociations, a indiqué que l'Iran était prêt à aller de l'avant. "Nous avons l'impression claire, à l'issue de contacts préliminaires, que la partie iranienne est prête à donner son accord pour des mesures concrètes", a déclaré son chef de la duiplomatie Sergueï Lavrov.
Ces discussions entre M. Jalili et de hauts fonctionnaires des Affaires étrangères du groupe 5+1 et de l'UE, font suite à une visite lundi à Téhéran du directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano.
Ce dernier a ensuite annoncé un "accord" de principe sur des mesures visant à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien, qui doit être signé "prochainement".
La Maison Blanche a estimé que cette annonce constituait "un pas en avant", mais prévenu qu'elle jugerait "le comportement de l'Iran sur la base de ses actes".