Président par intérim depuis le meurtre du chef de l'État, Raimundo Pereira (photo) a deux mois pour préparer une élection. Nos envoyés spéciaux sont partis à Bissau pour prendre le pouls d'une population déjà tournée vers l'avenir.
Après les assassinats du président Joao Bernardo "Nino" Vieira, le 2 mars, et du chef d'état-major des forces armées, le général Tagmé Na Waié, le 1er mars, la Guinée-Bissau est déjà tournée vers l’avenir. Le pays s’attaque à son prochain défi : organiser une élection présidentielle en deux mois, comme le prévoit la Constitution.
"Nous avons eu des garanties de financement de la part de nos partenaires. Les élections présidentielles auront lieu dans 60 jours", a déclaré, jeudi, le Premier ministre Carlos Gomes Junior, à la fin du conseil des ministres.
En dépit des violents événements qui ont secoué cette petite nation africaine, l'ordre constitutionnel a été respecté. Dans l’attente du référendum, c’est le président de l'Assemblée nationale, Raimundo Pereira, qui assure la fonction de président par intérim.
Même l’armée semble se plier à la Constitution. "Le communiqué des forces armées dit que ce n’est pas un coup d’État, ce qui veut dire qu’elles se soumettent au pouvoir politique", affirme Raimundo Pereira à Hélène Frade et François Picard, envoyés spéciaux de FRANCE 24 en Guinée-Bissau.
Une armée décapitée, qui doit se trouver un nouveau chef dans un climat interne tendu. "C’est un problème de fond, explique Zamora Induta, porte-parole de l'armée bissau-guinéenne. Les salaires ne sont pas versés, et les conditions de vie des soldats sont mauvaises", poursuit le militaire.
Le trafic de cocaïne au cœur de l’enquête
Jeudi, le Premier ministre a également annoncé la mise en place d’une commission d'enquêtes pour tirer au clair les circonstances du double assassinat.
Parmi les différentes pistes envisagées, celle du trafic de drogue pourrait jouer un rôle important. Selon un officier de l’armée, le général Tagmé Na Waié avait découvert un dépôt de cocaïne quelques jours avant son assassinat.
"Le général avait découvert, une semaine avant sa mort, une cachette dans un hangar de l'état-major, avec 200 kg de cocaïne qui se trouvaient dans quatre sacs de voyage. Il a mis la pression pour connaître ceux qui ont dissimulé la drogue", a indiqué le militaire à l’AFP sous couvert d’anonymat.
La Guinée-Bissau, un des pays les plus pauvres du monde, est un haut lieu de transit des drogues en provenance de l’Amérique du Sud vers l’Europe.