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Budget : face à une équation à 40 milliards, François Bayrou à l'heure des choix
Le Premier ministre doit présenter mardi après-midi ses orientations budgétaires pour 2026, avec comme objectif de faire 40 milliards d'euros d'économies pour ramener le déficit français à 4,6 % du PIB. La question est de savoir qui devra payer la note.
Le Premier ministre français François Bayrou assiste à un discours à l'Hôtel de Brienne à Paris, le 13 juillet 2025. © Ludovic Marin, AFP

Le Premier ministre François Bayrou dévoile, mardi 15 juillet, les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique puisqu'il prévoit un important tour de vis de 40 milliards d'économies, en plus d'augmenter le budget des armées.

Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites, d'autant que le gouvernement se refuse jusqu'ici à des hausses d'impôts, y compris pour les plus aisés.

Objectif : ramener le déficit à 4,6 % du PIB l'an prochain, contre 5,8 % en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable et incertain, entre tensions commerciales – Donald Trump a annoncé samedi que les produits l'UE seraient taxés de 30 % – et militaires, ce qui a conduit Emmanuel Macron à demander dimanche un effort additionnel de 3,5 milliards d'euros pour la défense.

Une enveloppe supplémentaire que le Premier ministre a dû intégrer, promettant auprès de l'AFP de ne "laisser aucune dépense flottante" : "Je ne laisse pas la poussière sous le tapis, surtout des poussières qui se comptent en milliards".

Politiquement, le socle de soutiens du Premier ministre paraît plus friable que jamais. Et chacun sur l'échiquier, à commencer par le Rassemblement national qui se pose en arbitre de la censure, dresse ses lignes rouges, après avoir renversé le gouvernement Barnier à l'automne dernier sur le budget.

Autant dire que François Bayrou, qui s'exprimera à partir de 16 h entourés de quelques ministres (Éric Lombard, Catherine Vautrin, Amélie de Montchalin, François Rebsamen et Astrid Panosyan-Bouvet), avec des infographies à l'appui, marche sur un fil. Cela revient à "prendre l'Himalaya par la face nord en hiver, et on est en short", métaphorise un membre du gouvernement.

"Plan cohérent"

Le Premier ministre, qui concentre son énergie à l'élaboration de ses projets de loi de finances, décline sur tous les registres le "piège mortel" qui guette le pays, face au mur de la dette qui a atteint 114 % du PIB en mars. Un combat dont il a fait son ADN politique.

"Ne pas proposer une réponse de la nation, ça serait une lâcheté vouée aux plus graves accidents", dit-il à l'AFP.

Une dramatisation des enjeux destinée à améliorer l'acceptabilité d'une note qui s'annonce salée, avec 40 milliards d'euros d'effort budgétaire demandés.

Mardi, il proposera donc "un plan cohérent, suffisamment précis, même s'il restera à finaliser avec le Parlement, pour que tout le monde mesure la part que chacun doit prendre à cet effort", appuie-t-il. Avec "deux volets" : l'un tourné vers "un retour à un équilibre supportable des finances publiques". Et l'autre de "soutien à la production".

L'exécutif a tenté de déminer le terrain en recevant en amont les groupes politiques à Bercy, un travail qui sera réédité en septembre.

Surtout, la foire aux idées a été particulièrement florissante. Au point que Bercy a rendu à Matignon "une copie à 45 milliards", pour "se donner du choix entre des options", selon un conseiller de l'exécutif.

François Bayrou, qui a présenté vendredi ses intentions à Emmanuel Macron, a promis "des efforts ici ou là" en matière de fiscalité mais pas de hausse d'impôts généralisée. Par exemple, la contribution pour les hauts revenus instaurée l'an dernier devrait être remodelée et reconduite, selon une source ministérielle.

Gisements

L'État dans son ensemble devra se serrer la ceinture, engendrant d'importantes baisses de crédits dans les ministères, ainsi que les collectivités.

Parmi les pistes tenant la corde, la reconduction à l'identique de certaines dépenses entre 2025 et 2026, sans tenir compte de l'inflation. Une "année blanche" dont le rendement varie selon le périmètre retenu. Ce gel pourrait par exemple s'étendre au barème de l'impôt sur le revenu. Et, suivant de larges appels à mettre à contribution les retraités, les pensions pourraient aussi être désindexées de l'inflation.

Des coups de rabot sont aussi évoqués dans différents maquis : les niches fiscales, les aides publiques aux entreprises ou encore dans les agences et opérateurs de l'État, dont certains sont voués à la suppression.

Suscitant déjà la controverse, un nouveau durcissement des règles de l'assurance chômage se profile, alors qu'Emmanuel Macron a affirmé dimanche qu'il comptait financer l'effort militaire par "plus de production et plus d'activité". De quoi raviver les spéculations autour d'un relèvement du temps de travail ou la suppression de jours fériés.

D'autres gisements d'économies ont été identifiés sur la facture des transports médicalisés, des affections longue durée ou des arrêts maladie.

La gauche rêve elle d'obtenir une taxe inspirée par l'économiste français Gabriel Zucman sur les "ultra-riches", en prélevant 2 % par an de leur patrimoine, pour un rendement annuel de 20 milliards d'euros. Une ligne rouge pour le camp macroniste.

Avec AFP