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Experts et témoins appelés à la barre du procès Breivik

Une semaine après le début du procès d'Anders Behring Breivik pour le meurtre de 77 personnes en juillet 2011, experts et témoins ont évoqué avec force détails l'ampleur de l'attentat à la bombe qui avait fait huit morts à Oslo.

AFP - Experts et témoins se sont succédé à la barre du tribunal d'Oslo mardi pour décrire, avec des détails souvent effroyables, les effets de la bombe d'Anders Behring Breivik qui a fait huit morts l'an dernier dans la capitale norvégienne.

"Le corps a été complètement déchiqueté". Dans une présentation difficilement soutenable alternant croquis anatomiques et photos de "projectiles", le médecin en chef de l'Institut norvégien de la santé, Arne Stray-Pedersen, a exposé le résultat des autopsies effectuées sur quatre des cadavres.

Employés des ministères ou passants infortunés, huit personnes sont mortes et neuf autres ont été grièvement blessées le 22 juillet 2011 dans l'explosion d'une camionnette remplie d'explosifs que Breivik avait garée près du siège du gouvernement.

"Dans le quartier des ministères, on a retrouvé plusieurs centaines de morceaux de corps", a précisé un expert de la police, Ole Morten Stoerseth, mardi.

Dans le prétoire, des familles endeuillées étouffaient leurs sanglots ou s'enlaçaient tandis que l'accusé, lui, n'affichait aucune émotion apparente comme c'est le cas depuis le début de son procès le 16 avril.

Le 22 juillet, l'extrémiste de droite avait placé une bombe de 950 kg, fabriquée à base d'engrais, de diesel et d'aluminium, au pied même de la tour abritant les bureaux du Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg, alors absent.

Agent de sécurité dans le quartier des ministères, Tor Inge Kristoffersen a expliqué comment, ce jour-là, il avait vu une camionnette blanche se garer juste devant l'entrée et entamé les vérifications d'usage avec les caméras de vidéosurveillance.

"Quand j'ai zoomé sur la plaque d'immatriculation, la voiture a explosé", a témoigné M. Kristoffersen qui se trouvait alors dans le centre opérationnel situé au sous-sol du bâtiment.

"Il y a eu un énorme rugissement (...) Le plafond au-dessus de nous a remué comme une vague, comme si c'était de l'eau", a-t-il dit.

Ancien militaire ayant servi au Moyen-Orient et dans les Balkans, M. Kristoffersen a comparé le quartier des ministères à une "zone de guerre" dans les semaines qui ont suivi l'attentat.

Après les attaques, des voix critiques se sont élevées pour s'étonner que l'on puisse impunément garer un véhicule si près d'un tel centre névralgique.

M. Kristoffersen a rappelé que des travaux, envisagés dès 2006, étaient en cours pour interdire la circulation dans la rue conduisant au bâtiment, mais qu'en attendant, "les mauvais stationnements" étaient fréquents à cet endroit.

"On chasse des voitures de là tous les jours", a-t-il affirmé.

Spécialiste des explosifs dans une agence gouvernementale, Svein Olav Christensen, a, quant à lui, expliqué que la bombe de Breivik avait dégagé une énergie comparable à l'équivalent de 400 à 700 kg de TNT.

"La charge principale est facile à fabriquer", a-t-il dit. Mais "le détonateur est plus difficile" à faire, a-t-il ajouté.

Après l'attentat, Breivik s'était rendu sur l'île d'Utoeya où il avait ouvert le feu sur de jeunes travaillistes réunis pour un camp d'été, faisant 69 morts supplémentaires.

L'extrémiste de 33 ans a qualifié les attentats qu'il a commis d'"attaques préventives contre les traîtres à la patrie" coupables, selon lui, de brader la société norvégienne face au multiculturalisme et à "l'invasion musulmane".

Egalement appelé à la barre, le chef des opérations de la police Thor Langli a décrit la confusion après l'explosion, avec des messages contradictoires suggérant l'existence de deux suspects et des indications sur la présence possible d'autres explosifs.

"J'ai pensé qu'il y avait une connexion", a-t-il dit, en se remémorant le moment où il avait été informé d'une fusillade sur Utoeya.

"Je ne pouvais concevoir qu'on puisse avoir affaire à plusieurs types comme lui en même temps", a-t-il expliqué en se tournant vers l'accusé qui affichait un léger sourire indéchiffrable.

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