, envoyée spéciale à Toulouse – Retranché dans son appartement, Mohamed Merah, l’auteur présumé des tueries de Toulouse et de Montauban, a été tué par balle lors d’un violent affrontement avec le Raid. Retour sur le dénouement d’un siège qui aura duré plus de 30 heures.
L’assaut final aura duré une heure, mettant un point final aux 32 interminables heures de l’opération du Raid (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion, une unité d’élite de la police nationale) visant à interpeller le présumé "tueur au scooter". Soupçonné d’avoir assassiné sept personnes au cours de trois attaques intervenues à Toulouse et à Montauban entre les 11 et 19 mars, Mohammed Merah a été tué alors qu’il tentait de sauter du balcon de son appartement, situé au rez-de-chaussée de la rue du Sergent Vigné, dans l’est de Toulouse.
Quand, à 10h30, les forces de l’ordre décident d’intervenir contre l’homme le plus recherché de France, calfeutré à son domicile, celles-ci l’assiègent déjà depuis plus d’une trentaine d’heures. Depuis plus de douze heures, Mohamed Merah vit même sans gaz ni électricité...
Tout au long de la nuit, les différentes déflagrations qui ont retenti et le balai régulier des voitures de pompiers et de CRS ont pourtant laissé imaginer une intervention avant l’aube. Mais le voisinage s’est réveillé en retrouvant la horde de journalistes français et étrangers présente dans les rues du quartier, toujours à l’affût des meilleures images de l’opération.
Plus de contact depuis mercredi 22h45
Il faut attendre environ 10 heures du matin pour avoir une information sur l’imminence de l’assaut final. "Le médiateur n’a plus de contact avec le suspect depuis 22h45 mercredi", explique alors Didier Martinez, du syndicat Unité SGP Police. À ce moment-là, nul n’est en mesure de statuer sur le sort de Mohamed Merah. Même le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, évoque, sur les ondes de la radio RTL, qu’il se pourrait que le tueur présumé ne soit plus en vie.
"Les hommes du Raid vont entrer pour s’assurer qu’il n’est pas mort. Si tel est le cas, ils tenteront de renouer le dialogue", explique Didier Martinez. Et de préciser que la série de détonations entendues tout au long de la nuit avaient pour but de "le forcer à rester éveillé et de le mettre dans un état de stress".
À 10h30 précises, trois importantes déflagrations retentissent aux abords de l’appartement de Mohamed Merah. L’assaut est lancé : les hommes du Raid amorcent une incursion dans le logement avec pour objectif de progresser vers le balcon.
À peine entrés, ces derniers constatent une présence physique, rapporte le procureur de Paris, François Moulins, lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée quelques heures après la fin des opérations. "Mohamed Merah est sorti brutalement de la salle de bain dans laquelle il était calfeutré", indique-t-il. L’homme âgé de 24 ans a ensuite cherché à avancer dans l’appartement, tirant sans cesse en direction des agents du Raid avec un Colt 45. "La cadence des coups de feu était tellement rapide qu’elle laissait penser à une rafale d’arme automatique", précise encore François Moulins.
Tout va alors très vite : le jeune homme avance en direction du balcon en faisant feu pour sauter par dessus bord et prendre la fuite. "Les hommes [du Raid] ont riposté en lui tirant une balle dans la tête", poursuit le procureur de Paris. Mohamed Merah est alors vêtu d’un gilet pare-balles sous lequel il porte une djellaba noire et un jean bleu.
"Si c’est moi, tant pis, j’irais au paradis. Si c’est vous, tant pis pour vous"
Une résistance qui, selon François Moulins, témoigne de "sa volonté d’en découdre avec les forces de l’ordre". Celui-ci aurait en effet tiré une trentaine de coups de feu durant l’assaut, qui a duré une heure. Dans l’appartement, des bouteilles de cocktail Molotov et quatre armes - dont un Colt .45 qui était encore chargé de deux balles - ont été retrouvées.
"Tout a été fait pour tenter de l’interpeller vivant. C’est pourquoi l’opération a duré aussi longtemps", assure le procureur de Paris en rappelant que cinq hommes du Raid ont été blessés dans l’opération, dont deux lors de l’assaut final. Une autopsie du corps du tueur présumé aura lieu à l’institut médico-légal de Bordeaux, afin d’en savoir plus sur les conditions exactes de sa mort.
Mohamed Merah, qui avait d’abord annoncé son intention de se rendre, avait finalement fait savoir aux négociateurs qu’il ne supporterait pas la vie en prison. Dans ses derniers échanges avec le Raid, il affirmait être prêt à aller jusqu’au bout : "Si c’est moi, tant pis, j’irais au paradis. Si c’est vous, tant pis pour vous".
Si l’opération est désormais terminée, les investigations, elles, se poursuivent. "On cherche à savoir si quelqu’un l’a convaincu de commettre ces actes ou l’a aidé à se fournir en armes", précise François Moulins. L’intégralité des déclarations faites lors des négociations ont été enregistrées. Trois personnes - sa mère, son frère et une amie de ce dernier - sont toujours en garde à vue.