Les grandes puissances ont appelé jeudi l'Iran à autoriser les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à se rendre sur le site militaire de Parchin, où elles soupçonnent Téhéran de mener des recherches nucléaires.
AFP - Les grandes puissances ont demandé jeudi des gages de "sérieux" à l'Iran dans la perspective d'une reprise des discussions sur son programme nucléaire controversé, pressant notamment ce pays d'ouvrir son site militaire de Parchin aux inspecteurs de l'AIEA.
"Nous appelons l'Iran à s'engager, sans conditions préalables, dans un processus de dialogue sérieux" afin de lever les doutes sur la nature de son programme nucléaire, écrivent les pays du groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) dans ce texte diffusé au cours du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
La réunion se déroule à huis clos depuis lundi à Vienne et doit se terminer jeudi.
Les grandes puissances exhortent en particulier l'Iran à "remplir sa promesse en garantissant l'accès à Parchin". L'AIEA soupçonne ce pays d'avoir procédé à des tests d'explosion applicables au nucléaire sur cette base militaire, ce que l'Iran dément.
Au cours de deux récentes missions, les experts de l'agence n'ont pas été autorisés à s'y rendre.
Lundi, le directeur général du "gendarme du nucléaire" Yukiya Amano avait alimenté les conjectures selon lesquelles les autorités iraniennes seraient en train d'effacer les traces de ces éventuels tests.
L'Iran s'est dit de son côté prêt, sous conditions, à rouvrir les portes de Parchin aux inspecteurs, qui s'y sont déjà rendus à deux reprises en 2005.
Le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton avait accepté mardi, au nom du groupe des 5+1, la proposition de Téhéran de reprendre les discussions sur son programme nucléaire, sans donner une date ou préciser un lieu.
Les pourparlers sont gelés depuis plus d'un an
L'Iran a mis en garde mercredi contre un échec de ces possibles nouveaux pourparlers si les grandes puissances exerçaient des pressions sur Téhéran. Son ambassadeur auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, a repris cette rhétorique jeudi à Vienne en demandant aux occidentaux de "modifier leur attitude" associant sanctions et négociations, et d'engager des discussions avec l'Iran "sur un pied d'égalité et dans un respect mutuel".
"Nous ne céderons pas sur les sanctions et les autres mesures pour isoler et faire pression sur l'Iran", avait indiqué le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney mercredi.
La reprise éventuelle des discussions interviendrait à un moment où les relations entre l'AIEA et l'Iran semblent plus que jamais dans l'impasse après l'échec des deux récentes missions.
Les grandes puissances se sont d'ailleurs déclarées "préoccupées par le fait que, malgré les efforts réalisés jusqu'ici, aucun accord n'ait été trouvé" sur les modalités de vérification par l'agence des points soulevés en novembre par le rapport très critique de l'AIEA.
Dans ce rapport, l'institution avait évoqué une dimension militaire du programme nucléaire iranien, s'appuyant sur des éléments présentés comme crédibles. L'Union européenne et les Etats-Unis avaient dans la foulée renforcé leurs sanctions.
Israël a de son côté menacé d'intervenir militairement, mais le président américain Barack Obama a récemment réitéré son attachement à une solution diplomatique dans ce dossier.
Les grandes puissances et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce que la République islamique dément formellement.
Le chef de l'AIEA devra informer, comme d'habitude, le conseil sur le dossier en juin, à la prochaine réunion régulière. En cas d'absence de progrès concrets, le conseil "devra examiner d'autres mesures", a affirmé Robert Wood, chargé d'affaires à la représentation américaine auprès de l'AIEA, en marge de la réunion, sans vouloir révéler leur nature.
L'agence enquête déjà depuis plus de huit ans sur l'Iran, sans être en mesure de déterminer avec certitude les objectifs de son programme nucléaire.