logo

Deux journalistes occidentaux, dont un français, tués à Homs

Deux journalistes, un Français et une Américaine, ont été tués ce mercredi lors de bombardements de l'armée syrienne qui ont touché un centre de presse de militants antirégime à Homs. Treize civils syriens ont également péri.

Au moins 13 civils tués à Homs

Au moins treize civils syriens ont été tués mercredi dans des bombardements sur le quartier rebelle de Baba Amr dans la ville syrienne de Homs, où deux journalistes étrangers ont déjà trouvé la mort ce matin, rapporte une ONG syrienne.

"Treize civils syriens ont été tués dans les bombardements de Baba Amr depuis ce matin", indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ce quartier a été le plus touché par le pilonnage incessant des forces du régime de Bachar al-Assad depuis le 4 février.
 

AFP - Deux journalistes, un Français et une Américaine, ont été tués mercredi, ainsi que 13 civils syriens, dans un violent pilonnage par l'armée de la ville rebelle de Homs pour laquelle la communauté internationale tente d'acheminer une aide humanitaire d'urgence.

Les journalistes morts à Homs (centre) sont l'Américaine Mary Colvin, qui était âgée d'une cinquantaine d'années et grand reporter à l'étranger pour l'hebdomadaire britannique Sunday Times, et le Français Rémi Ochlik (28 ans), photographe à l'agence IP3 Press, selon les autorités françaises.

Ils ont péri dans le pilonnage du quartier de Baba Amr, qui a touché un appartement transformé en "centre de presse" par les journalistes entrés clandestinement dans la ville, ont précisé des militants syriens anti-régime, au 19e jour de bombardements incessants de Homs par les forces du régime.

"Trois ou quatre autres journalistes étrangers ont été aussi blessés", a déclaré le militant Omar Chaker à Baba Amr, principale cible des troupes régulières depuis le 4 février, contacté via Skype.

Le quotidien français Le Figaro a indiqué que la Française Edith Bouvier faisait partie des journalistes blessés.

Pour le président français Nicolas Sarkozy, la mort des deux journalistes "montre que maintenant ça suffit, ce régime doit partir".

Depuis le début le 15 mars 2011 de la révolte populaire contre le régime de Bachar al-Assad, réprimée dans le sang, trois journalistes occidentaux y ont péri dans les violences.

it
Réaction de Jean-Pierre Perrin, grand reporter à Libération

Le Français Gilles Jacquier a été, le 11 janvier, le premier journaliste occidental tué en Syrie. Il a lui aussi péri par la chute d'obus à Homs, épicentre de la contestation, lors d'un voyage autorisé par les autorités.

Le régime Assad, qui refuse de reconnaître l'ampleur du soulèvement et attribue les violences à des groupes terroristes soutenus par l'étranger, restreint drastiquement les mouvements des journalistes dans le pays, mais plusieurs reporters y sont entrés clandestinement.

Au moins 13 civils syriens ont été aussi tués dans la matinée à Baba Amr, a indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) en donnant un nouveau bilan de 7.600 morts, en grande majorité des civils, en 11 mois de violences en Syrie.

Homs, surnommée "capitale de la révolution", est devenue le symbole de la répression menée par les forces de sécurité qui, cherchant à la faire plier, bombardent depuis le 4 février à l'artillerie lourde ses quartiers, faisant plusieurs centaines de morts.

La situation humanitaire y est devenue dramatique et les appels pour y acheminer de l'aide humanitaire, se font de plus en plus pressants, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), appelant à des trêves quotidiennes de deux heures.

"A Homs et dans d'autres zones touchées, des familles entières sont bloquées chez elles depuis des journées, sans pouvoir sortir acheter du pain, d'autres vivres, de l'eau, ou accéder à des soins médicaux", a dit le président du CICR, Jakob Kellenberger.

it
Face aux violences, certains Syriens trouvent refuge en Jordanie
Deux journalistes occidentaux, dont un français, tués à Homs

Même la Russie, qui n'est pas prête de lâcher son allié syrien, s'est prononcée en faveur de l'appel du CICR.

L'Armée syrienne libre (ASL), qui regroupe les militaires dissidents, l'a aussi favorablement accueilli mais le régime syrien n'y a pas encore réagi publiquement.

Selon des militants, l'ALS tente d'ailleurs d'assurer nourriture et refuge aux habitants de Baba Amr.

Mais selon l'un d'eux, Omar Chaker, la mission est assez compliquée car "les forces du régime tirent sur tout ce qui bouge. Nous n'avons ni électricité, ni mazout. La situation est pire que quiconque puisse imaginer".

D'après le militant Hadi Abdallah, "90.000 personnes sont encore à Baba Amr. Nous avons des stocks de nourriture dans les immeubles, mais plusieurs personnes ont été tuées en allant les chercher. C'est presque du suicide. Dans l'hôpital de campagne, il y a trois médecins et 20 infirmières et très peu d'équiments médicaux".

Et la situation risque d'empirer. Un nouveau convoi de 56 chars et véhicules de transport de troupes a été vu mardi se dirigeant vers Homs, faisant craindre un assaut final à brève échéance, a indiqué l'OSDH.

Human Rights Watch (HRW) pour sa part a affirmé que les forces gouvernementales utilisaient des obus de mortier russes de 240 mm contre Homs, une "arme très puissante".

Face à l'escalade, le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition, a demandé à la communauté internationale la création de "zones de protection" et appelé la Russie à convaincre Damas d'autoriser le passage de convois humanitaires.

Il a aussi appelé les participants à la conférence internationale sur la Syrie, prévue vendredi à Tunis, "à ne pas empêcher les pays (qui le veulent) d'aider l'opposition en envoyant des conseillers militaires, en entraînant (les rebelles), en leur fournissant des armes pour se défendre" si le régime ne cesse pas les violences contre les civils.

La révolte a en outre touché ces derniers jours, mais dans une moindre mesure, la ville d'Alep (nord) et la capitale syrienne, où les troupes ont été déployées en force pour prévenir tout débordement.