envoyée spéciale à la Maison des métallos – Face à la presse, François Hollande a présenté à la Maison des métallos, à Paris, ses projets en vue de l’élection présidentielle d’avril prochain. Un grand rendez-vous médiatique au cours duquel la famille socialiste a affiché son unité.
Maison des métallos, XIe arrondissement de Paris. Ce lieu culturel, d’ordinaire si calme, s’est métamorphosé jeudi 26 janvier, le temps d’une matinée, en haut lieu de la politique
française - et en grand-messe médiatique. C’est là que François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle, a choisi de détailler son programme. Quatre jours après le succès de son discours du Bourget, largement salué par les médias, le député de Corrèze y a exposé son projet présidentiel. Plus tôt dans la matinée, il avait dévoilé ses "60 engagements pour la France", publiés dans un livret tiré à 15 millions d’exemplaires. Un court ouvrage dont le format n’est pas sans rappeler le manifeste "Indignez-vous", grand succès du diplomate Stéphane Hessel, que brandissaient les jeunes européens en 2011, "indignés" contre la toute-puissance financière. Un thème de campagne désormais repris par François Hollande.
Dans la verrière surchauffée de la Maison des métallos, face à plusieurs centaines de journalistes venus assister à sa conférence, le candidat socialiste a martelé qu’il souhaitait "lucidité, volonté, justice et clarté" pour le prochain quinquennat. Et de la lucidité, François Hollande a voulu en faire preuve en évoquant la "gravité de la situation économique" en France. La mine sévère, assurant qu’il comprenait le désarroi des Français face à la crise, il a assuré que, désormais, les "ménages les plus aisés" allaient devoir "faire un effort en 2012 et 2013". Dans sa ligne de mire : les niches fiscales qu’il souhaite plafonner à 10 000 euros et l’impôt sur la fortune qu’il augmentera une fois au pouvoir.
Si les ménages les plus aisés ont été appelés à contribuer davantage, le candidat socialiste a en revanche caressé les "classes moyennes" dans le sens du poil, répondant ainsi aux critiques de la majorité au lendemain de son premier grand discours de campagne au Bourget. "Je veux rassurer les classes moyennes, qui ont été ponctionnées pendant cinq ans. Elles n'en peuvent plus, je les comprends", a affirmé François Hollande, costume et cravate sombres. "Toutes nos mesures sont favorables aux classes moyennes", a-t-il insisté en détachant solennellement chaque syllabe.
Hollande séduit le centre et tacle la droite
Pour les "classes les plus modestes", le candidat socialiste a annoncé la création d’un forfait "eau, gaz, électricité" et l’augmentation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire. Il a aussi promis, au cours de son discours, une meilleure maîtrise des dépenses publiques, une justice indépendante, la construction de logements sociaux, le maintien des effectifs dans la police et l’enseignement. Bref, Il s’est attaché à rassurer la gauche, à séduire le centre et à tacler la droite et son leader, sans cependant prononcer le nom de Nicolas Sarkozy : "Tout ce qui est dit sera fait au cours du quinquennat, sans que j'aie à devenir un président qui demande aux Français de me comprendre parce que j'aurais changé de politique ou que la conjoncture aura changé", a-t-il assuré, provoquant quelques rires dans l’assistance.
Aux premiers rangs, Martine Aubry, Laurent Fabius, Bertrand Delanoë et Harlem Désir sourient à l’unisson. L’illustration parfaite d’un "parti rassemblé" dont se vante le candidat socialiste. Quand François Hollande sonne la fin de la conférence de presse, caméras et micros fondent sur chacun d’entre eux, à l’affût d’une réaction. Tout sourire, Ségolène
Royal se prête au jeu, n’hésitant pas à louer "des réponses précises, chiffrées, crédibles pour sécuriser les Français, leur donner confiance, accompagner le changement en avril et mai prochain". La rancœur de celle qui s’était estimée "oubliée" lors du discours du Bourget, le 22 janvier dernier, semble être un lointain souvenir. La famille socialiste s’affiche en rangs serrés autour de son homme.
Et ce dernier y croit. Galvanisé par les sondages, François Hollande a affiché une foi solide en sa victoire. Dans son discours d’une heure et demie, ponctué de grandiloquents "quand nous serons au pouvoir", pas une fois François Hollande n’a semblé douter de l’issue de l’élection. À l’extérieur de la Maison des métallos, quelques curieux venus flâner lui donnent raison. Nombreux sont ceux qui évoquent le "traumatisme de 2002", lorsque Jacques Chirac, candidat du RPR, et Jean-Marie Le Pen, chef de file de l’extrême droite, s’étaient retrouvés face-à-face au second tour. "Plus jamais ça, lâche notamment Annette, venue "en voisine". Je préfère voter utile dès le premier tour".